Depuis que Fernando Peretti, de la Walpole Gallery, a acheté en 1998 un Saint Jean-Baptiste buvant à une source, les spéculations vont bon train parmi les marchands. Ce pourrait être l’une des dernières œuvres exécutées par le Caravage avant sa mort, en juillet 1610. Denis Mahon serait « complètement convaincu qu’il s’agit d’un original du Caravage ». Mais les spécialistes restent divisés sur la paternité du tableau.
LONDRES (de notre correspondant) - Saint Jean-Baptiste buvant à une source, 127,5 x 95,5 cm, faisait partie de la vente de maîtres anciens organisée par Sotheby’s, le 29 octobre 1998 à Londres, où il était catalogué comme appartenant au cercle du Caravage. Estimé 10 000 à 15 000 livres sterling, il avait été adjugé 19 000 livres. Il provenait d’une collection privée suisse et avait été acheté à Rome par l’arrière-grand-mère du vendeur. Comme le soulignait le catalogue, l’œuvre trouve son origine dans un Saint Jean-Baptiste du Caravage, jusqu’ici connu uniquement à travers de nombreuses versions de la tête et des épaules, dont certaines pourraient être authentiques. Une autre œuvre apparemment liée à cette peinture, dans laquelle le saint est représenté debout avec un agneau à ses pieds, a été attribuée au disciple sicilien du Caravage, Alonso Rodriguez.
Certains marchands ont suggéré que le tableau vendu par Sotheby’s appartenait peut-être à l’ensemble de peintures que Caravage devait livrer lors de son ultime et fatidique voyage vers Rome, pendant l’été 1610. Lors d’une escale au port de Palo, l’artiste fut arrêté puis emprisonné, et la felouque qui transportait ses possessions, dont un Saint Jean-Baptiste peint pour Scipion Borghèse, repartit sans lui. Après avoir racheté sa liberté, Caravage rejoignit Porto Ercole à pied, pour y découvrir que le navire avait déjà quitté le port avec tous ses biens à son bord. Une lettre du vice-roi de Naples, découverte en 1921 et adressée au juge des affaires militaires de la garnison de Toscane, demandait leur restitution au Caravage, “par la première felouque disponible, et notamment la restitution de la peinture de saint Jean-Baptiste. Si par hasard on s’en est défait ou si elle a été retirée des biens pour quelque raison que ce soit, vous devez tenter par tous les moyens de veiller à ce qu’elle soit retrouvée et récupérée...” La découverte de cette œuvre perdue serait évidemment fondamentale. Toutefois, plusieurs Saint Jean-Baptiste pourraient faire valoir leur authenticité ; l’un d’entre eux a même été accepté par les spécialistes. Ceux-ci réévaluent le tableau à la lumière d’un récent nettoyage.
L’historien de l’art américain John Spike rédige actuellement un catalogue raisonné de l’artiste qui sera publié en quatre langues en 2001. Il n’a vu qu’une reproduction de la peinture, mais elle lui paraît “très intrigante”. “Les œuvres caravagesques de ce type ont dernièrement été attribuées à Tommaso Salini, un disciple romain de la première heure”, explique-t-il.
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Ce tableau est-il l’un des derniers Caravage ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°94 du 3 décembre 1999, avec le titre suivant : Ce tableau est-il l’un des derniers Caravage ?