Depuis 1993, la biennale d’art contemporain « Art grandeur nature » a accueilli une centaine d’artistes notamment dans le parc de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Mais sa 10e édition n’aura pas lieu. En proie à des difficultés financières, le conseil général a supprimé sa subvention.
BOBIGNY - Conséquence directe de la situation financière du département de Seine-Saint-Denis, l’édition 2010 de la biennale « Art grandeur nature » n’aura pas lieu. Le vote au conseil général, le 8 avril, d’un budget en déséquilibre – le département ayant inscrit dans ses comptes une somme de 75 millions d’euros dus par l’État – et sa mise sous tutelle annoncée ont des conséquences directes sur la politique culturelle de la collectivité.
Selon nos informations, l’événement d’art contemporain, créé en 1993, qui devait se tenir pour sa dixième édition, à l’automne, au parc de La Courneuve, n’aura pas lieu. Les 450 000 euros de budget, financés à 100 % par le département, devraient être gelés. Claude Bartolone (PS), le président du conseil général, a arbitré en faveur de la suppression des événements produits par le département, cela afin d’éviter de réduire drastiquement les subventions allouées aux structures partenaires et de les affaiblir.
Sous une autre forme
Reposant sur des commandes aux artistes, la biennale devrait toutefois avoir lieu sous une autre forme, puisque la plupart des œuvres sont en cours de production, des avances ayant été versées. Les structures partenaires auraient reçu l’engagement que l’événement pourrait prendre la forme d’une mise en réseau, et que le solde de paiement des œuvres serait payé, « sous une forme ou une autre », selon un acteur local.
Claude Bartolone avait préparé le terrain dès le 19 décembre 2009, en lançant un appel solennel et une pétition alertant des menaces pesant sur les compétences culturelles des départements – non obligatoires – en regard de leurs difficultés financières. « Le poids insurmontable des transferts de charges non compensés, la réforme fiscale puis la réforme des collectivités territoriales organisent le calendrier de l’étranglement et de l’incapacité des collectivités à intervenir dans ce domaine essentiel à l’émancipation et au bien vivre ensemble.
Si des choix cruels et difficiles s’annoncent, nous refusons pour autant d’abdiquer, tant sur le terrain des principes que sur celui de l’engagement politique », écrivait alors le président du département, où la culture avait bénéficié en 2009 de 20,3 millions d’euros. Désormais, les décisions tombent, même si les arbitrages font l’objet d’intenses tractations. Le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, menacé, a ainsi réussi à sauver sa subvention. L’inquiétude est toutefois forte dans le secteur des arts visuels, qui devrait être le plus touché. Outre la mise en sommeil de la biennale, les acquisitions du fonds départemental d’art contemporain devraient être gelées.
« Le secteur est le grand perdant parce que nous sommes moins syndiqués que le spectacle vivant, et donc moins mobilisable », déplore un acteur local, qui constate aussi que, depuis l’arrivée en 2008 de la nouvelle majorité socialiste à la tête d’un département longtemps géré par les communistes, une ambiguïté persiste sur les projets en faveur des arts visuels noyés dans une politique privilégiant d’abord les industries culturelles, mais aussi fortement inspirée par « les paillettes de la Nuit blanche parisienne ».
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"Art grandeur nature" disparaît
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°323 du 16 avril 2010, avec le titre suivant : "Art grandeur nature" disparaît