ROME / ITALIE
La RAI a constaté le vol de plusieurs pièces qui ornaient ses bureaux dont des gravures de Monet et de Modigliani. Elles avaient été remplacées par des copies.
Italie. « Le grand sac de la RAI » , titrait Il Messaggero. Le quotidien de la ville de Rome a révélé la disparition d’au moins 120 œuvres sur les 1 500 qui constituent la collection d’art du groupe audiovisuel italien, d’une valeur totale estimée à 100 millions d’euros. Des dizaines de toiles, sculptures, lithographies ou tapisseries acquises au fil des ans et qui ornent les murs de ses bureaux, ses salles de réunion ou sont accrochés dans les couloirs de son siège central à Rome, mais aussi dans ses antennes régionales. Un riche patrimoine qui ne faisait l’objet d’aucune protection particulière.
Tout commence en mars dernier lorsque le tableau Architettura de l’expressionniste florentin Ottone Rosai (1895-1957) est accidentellement renversé. Son cadre se brise et l’on découvre qu’il s’agit d’une copie. Un ancien salarié reconnaît avoir volé l’original qu’il a vendu dans les années 1970. Aucune poursuite n’est engagée contre lui, le délit étant désormais prescrit. Mais la direction de la RAI alerte le parquet de Rome et les carabiniers qui ouvrent une enquête. Des dizaines et des dizaines d’œuvres ont ainsi été dérobées pour une valeur estimée à 20 millions d’euros. La plupart ont été remplacées par des contrefaçons, mais beaucoup ont tout simplement disparu. Parmi elles les gravures Petit fils d’Amadeo Modigliani, Paysage de Verneuil de Claude Monet, La Route de Sèvres de Camille Corot, Le Colisée par Giovanni Stradone (1911-1981) ou encore Vita nei campi de Giorgio de Chirico.
Le directeur du patrimoine artistique de la Rai, Nicola Sinisi, a déclaré que les pièces prises semblaient avoir été « ciblées », même si quelques-unes ont pu tout simplement être perdues. Les enquêteurs pensent que les vols remontent à 1996, date d’une exposition de la collection d’art de la RAI dans les Pouilles.
« La plus grande entreprise culturelle » , comme l’appelait Pier Paolo Pasolini est une fois de plus éclaboussée par un scandale d’autant plus embarrassant que la collection a été constituée avec le produit de la redevance télévisuelle. « C’est aussi la preuve de la décadence culturelle du pays , commente l’historien de l’art Tomaso Montanari. Les voleurs connaissaient mieux l’art que ceux qui en avaient la charge et qui sont incapables de faire la différence entre un original de De Chirico et un poster. »
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120 œuvres d’art ont disparu de la collection de la radio-télévision publique italienne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°570 du 25 juin 2021, avec le titre suivant : 120 œuvres d’art ont disparu de la collection de la radio-télévision publique italienne