PARIS [01.04.16] - À la Villette, le nouveau festival « 100 % » s’accompagne d’une exposition décevante aux formules maintes fois exploitées.
On se marre bien à la Villette, à l’instar du personnage mort de rire enfermé dans une boîte près de l’entrée, en fait une vidéo en 3D de Kris Verdonck à regarder par-dessus à travers deux trous. Quelques autres lui tiennent compagnie sur le même principe, notamment deux hommes en train de se battre ou un sac en plastique secoué au gré du vent.
L’ensemble est consternant, mais finalement pas plus que l’autre « œuvre » du même artiste qui s’agite un peu plus loin, soit trois immenses gonflables noirs et brillants qui s’élèvent très haut comme des tours avant de redescendre et de se retrouver enfermés… dans une boîte une fois encore. Le tout fut précédemment pensé comme élément de décor pour un spectacle. De là à le convertir en œuvre autonome, il est un pas allègrement franchi vers le divertissement artistique qui n’est pas du meilleur goût.
C’est bien l’un des problèmes de cette exposition qui accompagne le nouveau festival intitulé « 100 % », voulu par le nouveau président de la Villette, Didier Fusillier, et organisée par le commissaire Charles Carcopino. Les œuvres d’une vingtaine d’artistes sont réunies avec une volonté manifeste d’assurer une dramatisation excessive – la grande halle est plongée dans le noir – et d’attraper le public en faisant sensation, en multipliant notamment les impressions de performances techniques ou l’idée que sont explorées et bousculées des limites. Certes l’opération est couplée à un festival d’arts vivants, mais cela ne constitue en rien une justification à une telle direction. Surtout, cela s’appuie sur nombre d’œuvres bien faibles.
Le visiteur pourra ainsi passer très vite devant Christian Rizzo, pas au mieux de sa forme avec un ectoplasme qui part en fumée sur un écran, la lumière projetée sur le dessin d’un couple enlacé par Kate Krolle qui n’est qu’effets d’éclairage, ou l’animation constituée par la sphère transparente hérissées de fusains venant dessiner sur les murs de Karina Smigla-Bodinski, qui ne fait que de l’animation.
Il sera par contre fondé à s’arrêter sur la belle réussite que constitue l’impeccable installation de Neil Beloufa, où la silhouette d’un espace architectural n’est plus qu’une structure dessinée par des fers à béton alors que des films lui donnent une vie plus concrète.
Au-delà de la spectacularisation mal venue de l’ensemble, cette exposition interpelle quant à son profond manque d’originalité. Car les thématiques de l’étrange et du fantomatique, des ondes et du brouillage, de l’irrationnel et de la mutation ont constitué la base récurrente du programme de Didier Fusillier pendant la dizaine d’années qu’il a passée à la tête de Lille 3000, et ont également servi de matrice à nombre de ses propositions faites dans le cadre du festival « Exit » à la Maison des arts de Créteil, dont il a longtemps eu la charge également. Son arrivée à la Villette aurait pu – dû – être l’occasion pour lui d’émettre enfin de nouvelles propositions. Loin s’en faut, avec cette resucée qui au final délivre une désagréable impression de déjà vu.
Puisque l’informatique et la machine semblent également être des obsessions du président de la Villette, on ne saurait que trop conseiller de rebooter la machine et de réinitialiser le logiciel, afin de tenter de produire enfin du neuf.
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 10 avril, La Villette, 211, avenue Jean Jaurès, 75019 Paris, tél. 01 40 03 75 75, lavillette.com, tlj sauf lundi 14h-minuit, mardi et vendredi 18h-minuit, dimanche 14h-20h, entrée 8 euros.
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Xavier Veilhan, Light Machine (Music), 2015 © Photo Claire Dorn / Xavier Veilhan