Antiquaire - Galerie

Le monde enchanté d’Aline Chastel

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 13 avril 2022 - 582 mots

PARIS

Spécialisée dans les arts décoratifs du XXe siècle, la galerie Chastel-Maréchal présente une trentaine de pièces exubérantes propices à la rêverie.

Paris. Aline Chastel veut ré-enchanter le quotidien. « Cette idée d’enchantement, de féérie, a toujours été présente dans mon travail et dans les créateurs que j’ai choisi de défendre. Alors, j’ai imaginé cette exposition, un peu à contre-courant, avec des pièces que j’avais déjà dans ma collection ou dans mon stock, qui ne sont pas trop montrées par les autres marchands », explique la galeriste.

À partir des années 1930, certains designers vont se sentir un peu oppressés par cette volonté de modernité absolue où tout est droit, blanc et chromé. S’inscrivant dans une tradition classique, de par leur formation, mais aussi leurs goûts, ils mettent en exergue dans leurs œuvres ce qui a existé par le passé, en se tournant vers d’anciens savoir-faire, tout en les réinterprétant au goût du jour. C’est ce mouvement, dont Serge Roche (1898-1988) est le plus grand représentant, avec André Arbus, Gilbert Poillerat, Jean-Charles Moreux, et d’autres, que met en lumière la galerie. Des créations de Line Vautrin, Janine Janet, Jean-Charles Moreux, Serge Roche, Max Ingrand ou encore Joy de Rohan Chabot, des années 1930 jusqu’à aujourd’hui, sont ainsi exposées. Dans la préface du catalogue de l’exposition rédigée par Patrick Mauriès, ce dernier écrit : « Le goût de l’enchantement pourrait être la qualité commune à ces artistes ; ils partageaient une même jubilation de l’ornement, le goût d’un artisanat virtuose, de formes complexes, décalées, de matériaux traités de façon sophistiquée. » Miroir, verre, stuc, cristal de roche ou bronze sont leurs matériaux de prédilection tandis que le motif animal, végétal, les jeux de courbes et contrecourbes, d’entrelacs et de volutes sont leurs thèmes favoris. « Féérie, cela m’évoque les miroirs, les scintillements, mais aussi l’inspiration et ce qu’on ressent au contact de ces pièces, qui, ensemble, révèlent un monde enchanté, étonnant, qui invite à la rêverie », confie la galeriste.

« Des pièces rares ou uniques »

L’exposition rassemble vingt-cinq pièces – de 50 000 à 300 000 euros – reflétant une sélection très personnelle. Le tout dans une mise en lumière signée Patrick Hourcade, composée de projections de miroitements d’eau colorés. De Serge Roche, artiste influencé par le baroque, on peut découvrir une paire d’obélisques en bois plaqué de miroirs patinés (50 000 €) ; une paire de tabourets en velours à piètement en miroir et pattes de lion en stuc (autour de 250 000 €) ou encore un globe céleste à décor de grisaille rehaussé d’or et d’argent, vers 1934, réalisé avec son frère Camille Roche [voir ill.]. Plusieurs miroirs de Line Vautrin – une des artistes phares de la galerie – en talosel et inclusions de miroirs sont également montrés, à l’instar du miroir Bouclier, du miroir Reine, vers 1955 – rarissime – ou encore du miroir Roi soleil. L’univers onirique est aussi évoqué à travers des pièces de Janine Janet, dont Cerf couché, en bronze, créé en 1964 pour les vitrines de Balenciaga (220 000 €) – un modèle similaire figure au Musée de la chasse –, ou de Joy de Rohan Chabot, avec le miroir Étoiles, une pièce unique en bronze doré de 2021.

« Toutes ces pièces sont rares ou uniques. Par exemple, c’est le troisième ou quatrième miroir monumental à parecloses, en verre églomisé de Max Ingrand que je vois en trente ans de métier. Même chose pour le lampadaire en bronze noirci au piètement en forme de chevaux stylisés de Jean-Charles Moreux », précise Aline Chastel.

Fééries,
jusqu’au 4 juin, Galerie Chastel-Maréchal, 5, rue Bonaparte, 75006 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°586 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Le monde enchanté d’Aline Chastel

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