Le musée fête son 40e anniversaire mais il n’a pas encore réellement réussi à trouver sa place et pâtit d’une faible visibilité. Comment expliquez-vous cela ?
Nous n’avons jamais quitté l’époque romantique ; quand Écouen était fermé au public car transformé en Maison d’éducation de la Légion d’honneur. C’est alors un château dont on ne parle pas parce qu’on ne le visite pas, et comme on n’en parle pas, il ne s’est pas installé dans l’inconscient collectif de la Renaissance. Le but de la création du musée était d’aider à découvrir la Renaissance à travers un dialogue permanent et fécond entre le château et les collections qu’il abrite ; collections qui viennent du Musée de Cluny et qui ont été enrichies, depuis, par beaucoup d’achats, de dépôts et de dons. Le premier musée d’art de la Renaissance en France demeure le Louvre. Mais la raison d’être de notre musée, c’est, en quelque sorte, de montrer ce que le Louvre ne montre pas. C’est-à-dire des œuvres rassemblées au lieu d’être séparées en départements techniques et en écoles. Ici, on a en effet l’Europe de la Renaissance, et pas seulement la France. Par ailleurs, notre vocation est davantage d’évoquer la civilisation de la Renaissance, notamment la vie aristocratique et les livres. Nous sommes d’ailleurs le seul musée national à présenter des livres. Globalement, ceux qui viennent au château ressortent émerveillés par ce qu’ils y voient. Mais, en effet, ce qui manque encore, c’est le déclic initial. Bon an, mal an, nous sommes autour de 60 000 visiteurs, alors que le site en accueille le double.
La fréquentation a-t-elle évolué depuis l’ouverture ?
Il y a eu une « ouverture » assez mitigée, car un seul étage était accessible en 1977. Certaines personnes sont donc reparties avec l’idée que c’était très difficile d’y aller, ce qui était vrai à l’époque, et que ce que l’on n’y trouvait ne justifiait pas un tel trajet. Aujourd’hui, tout a changé. La totalité du château est accessible, nous avons 3 000 m2 ouverts à la visite, ce qui justifie au moins une demi-journée, et nous sommes à vingt minutes de train de Paris. Malheureusement, cette légende noire perdure. En réalité, cela tient surtout au fait que l’on ne sait pas vraiment où se situe Écouen. Il est plus difficile d’aller à Versailles qu’à Écouen, mais on ne se pose pas la question d’aller à Versailles, car cela va de soi. Pour changer cela, il faut du temps et de la ténacité. C’est pourquoi, plutôt que d’organiser une grande exposition d’anniversaire, nous avons décidé de consacrer ce budget à la communication, notamment à travers une campagne d’affichage. Par ailleurs, nous avons mis en place une série d’événements dans d’autres châteaux et musées. Soit ils montrent des pièces de leur collection en lien avec notre établissement, soit ils accueillent certaines de nos œuvres.
Avez-vous tenté des stratégies pour capitaliser sur les visiteurs de Chantilly, qui est tout proche ?
C’est encore en pourparlers, mais ce n’est pas très facile, car Chantilly développe son offre propre qui est sur une journée. Pour l’instant, la direction de travail c’est, à l’occasion de la fusion des offices du tourisme de Roissy, Écouen et Luzarches, de proposer une offre sur deux jours. Elle comprendrait plusieurs partenaires : Chantilly, Royaumont, Écouen, Saint-Denis, mais pourquoi pas aussi Senlis et Chaalis. Il s’agit d’institutions complémentaires, mais qui n’ont pas encore l’habitude de travailler de concert. Il y a clairement des choses à faire ensemble, le potentiel est là et il mérite que l’on se serre les coudes.
55 757 visiteurs
se sont rendus au Musée national de la Renaissance en 2016.
7-8 oct.
Le Musée national de la Renaissance célèbre ses 40 ans au cours d’un week-end d’anniversaire au château jalonné de nombreuses animations.
« Toutes les collections de cette grande époque, la Renaissance, que le Musée de Cluny ne pouvait exposer faute de place, ont trouvé le cadre qui leur convenait dans ce château d’Écouen rénové avec raffinement. »Roger Gicquel, JT de TF1, 25/10/77