NEW YORK (ETATS-UNIS) [20.01.10] – Après que la Fondation Judith Rothschild n'a pas honoré les bourses qu'elle avait promis à des institutions culturelles en 2009, des questions émergent au sujet de son directeur et de sa gestion des fonds de l'organisme. Comme beaucoup de petites fondations, il en est le seul membre du conseil d'administration.
Plusieurs associations culturelles ont informé le New York Times que la Fondation Judith Rothschild n'avait toujours pas honoré ses promesses de bourses pour l'année 2009, alors que le dirigeant de la fondation demeurait injoignable depuis 6 mois.
La fondation, née des volontés testamentaires de la peintre Judith Rothschild, décédée en 1993, a pour but de faire connaître l'œuvre de la peintre et d'artistes méconnus de sa génération, morts entre 1976 et 2008. Pour cela, la fondation octroie une vingtaine de bourses de 4 000 à 10 000 dollars chaque année à des associations culturelles et des petits musées qui promeuvent ces artistes.
Mais en janvier 2010, les bourses annoncées en mars 2009, pour un total de 100 000 dollars, ne sont toujours pas parvenues aux lauréats. Depuis le mois de juin, le dirigeant de la fondation, Harvey S. Shipley Miller, est resté injoignable, les lettres des associations culturelles leur étant retournées.
Depuis 2005, Miller a fait don au MoMA de plus de 2 500 dessins d'artistes américains de la génération de Judith Rothschild, le don de dessins le plus important jamais fait au musée, pour une valeur de plusieurs millions de dollars.
En 2007, le dernier rapport financier de la fondation indiquait que l'institution possédait pour plus de 13,9 millions de dollars d'actifs. Le problème ne semble donc pas d'ordre financier.
Selon un communiqué publié sur le site de la Fondation, aucune bourse ne sera annoncée en 2010, pour « évaluer la manière la plus efficace de recentrer les activités du programme ». Pour les observateurs, il semble que Harvey Miller ait décidé de recentrer son action sur l'enrichissement des collections des musées américains.
Le dirigeant, sorti tardivement de son silence, assure dans le New York Times que les bourses promises pour 2009 seront payées « dans le mois », et évoque des problèmes de santé qui l'auraient empêché d'envoyer les chèques.
Mais cette affaire pose des questions déontologiques sur le fonctionnement des fondations américaines. Le Wall Street Journal s'interroge sur le bien-fondé pour une fondation de n'avoir qu'un seul membre à son conseil d'administration, comme c'est le cas pour la Fondation Judith Rothschild.
En tant que seul « trustee », Harvey S. Shipley Miller peut décider seul de vendre, acheter ou faire don des œuvres d'art de la fondation.
Il est également membre d'autres conseils d'administration de musées, dont le MoMA. Et ses multiples casquettes pourraient avoir porté préjudice à la Fondation Judith Rothschild, et à ses missions : avec le don offert au MoMA, Harvey Miller aurait-il outrepassé les volontés testamentaires de Judith Rothschild ?
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Les manquements d'une fondation américaine suscitent des interrogations sur les agissements de son directeur
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