MEXICO (MEXIQUE) [17.02.16] - En érigeant un nouveau bâtiment à proximité d’une installation artistique monumentale, l’université a dénaturé un lieu réputé de la capitale. De nombreuses figures du monde artistique protestent.
C’est sans doute la plus grande installation artistique du pays. L’Espace sculptural a été construit en 1979 au cœur du campus de l’Université nationale autonome de Mexico (UNAM), par un collectif d’artistes composé de Helen Escobedo, Manuel Felguérez, Mathias Goeritz, Hersúa, Sebastián, Federico Silva et Roberto Acuña. L’ensemble est constitué de 64 plateformes pyramidales de béton, d’environ 5 mètres de haut, installées pour former un cercle de 120 mètres de diamètre. Au milieu, la roche volcanique et quelques herbes folles accueillent des étudiants en pause qui profitent d’un lieu exceptionnel.
Quand la pollution est moins forte, le cœur de l’installation, légèrement encaissé, est un des rares endroits de la mégapole d’où un panorama à 360 degrés ne révèle aucune construction humaine, seulement les volcans qui dominent la ville.
Mais depuis près d’un an, le Popocatepetl et l’Iztaccihuatl sont cachés par les quatre derniers étages (sur huit) de l’immeuble H, une extension de la faculté de sciences politiques et sociales.
Depuis une semaine, une pétition circule et les interventions sur place se succèdent. Pourquoi avoir attendu pour s’indigner ? L’artiste Pedro Reyes, rédacteur d’une pétition qui a rassemblé Hans Ulrich Obrist, Gabriel Orozco, Francis Alys, Richard Long ou encore Alejandro Inaritu, explique : « D’abord, quelques étudiants écologistes avaient interpellé l’administration, sans succès. Comme l’accès au site est interdit le week-end, que rien n’est fait pour le mettre en valeur, la sensibilisation a mis du temps à être effective ».
Les actions récentes ont commencé à faire bouger les choses : l’université a nommé avant-hier un comité de médiation, composé d’architectes, d’artistes et de professeurs. Elle précise cependant que « la construction a eu lieu dans le strict respect de la législation universitaire ». Le coût d’un démantèlement total avoisinerait les 30 millions de pesos (1,5 M€) selon le quotidien La Jornada.
La protestation aura eu au moins le mérite de donner un coup de projecteur à ce site rare mais méconnu, pourtant situé près des jardins flottants de Xochimilco, et à deux pas du stade olympique de 1968, classé au titre de son architecture moderniste… comme une grande partie du campus de l’UNAM.
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Une université à Mexico parasite la plus grande installation d’art du pays
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Abonnez-vous dès 1 €L'Espace sculptural sur le campus de l'Université nationale autonome de Mexico (UNAM) © Photo Ramón Ortega (tres) - 2009 - Licence CC BY-SA 3.0
Voir des photos de la manifestation dans L'Espace sculptural