MOSCOU (RUSSIE) [07.04.15] - Alors qu’il était au bord du démantèlement il y a un an, ce chef-d’œuvre de l’avant-garde russe a fait l’objet d’une journée d’étude publique au ministère russe de la Culture le 31 mars 2015. Y ont été décidés sa restauration ainsi que son placement sous la tutelle du Musée polytechnique de Moscou.
A l’occasion d’un colloque sur le thème « Problèmes de conservation de la Tour Choukhov, rue Chabolovka » le 31 mars 2015, le ministère russe de la Culture, en collaboration avec l’association « Conservateurs de l’héritage patrimonial » a tenu des séances publiques sur le sort de cet édifice hors du commun.
La tour Choukhov, également surnommée Tour de Chabolovka, a été érigée entre 1920 et 1922 par l’ingénieur Vladimir Choukhov. Commandée par Lénine qui souhaitait en faire le symbole de la modernité soviétique afin de transmettre les premières émissions de radio du pays, elle mesure 160 mètres de haut et ne pèse que 220 tonnes. Car c’est bien là que réside la singularité de l’édifice. Il s’agit de la plus grande structure hyperboloïde du monde, une forme conique créée par Vladimir Choukhov, utilisée depuis par plusieurs grands noms de l’architecture comme Antoni Gaudi pour la Sagrada Familia.
L’esthétique particulière de la tour Choukhov tient au fait qu’elle est composée d’une résille d’acier riveté. C’est d’ailleurs ce qui a permis son exceptionnelle longévité, elle qui n’a jamais été entretenue jusqu’ici.
En 2009, Vladimir Poutine, alors Premier Ministre, exprimait son souhait de voir la tour réhabilitée et ouverte au public. Un fonds de 135 millions de roubles (environ 21 939 200€) a été constitué mais rien n’a été fait et l’argent a disparu. Alors en 2014, lorsque l’idée de son démantèlement est réexaminée par la Douma dans le but d’utiliser le terrain pour y construire un immeuble de plusieurs dizaines d’étages, des voix s’élèvent. Celles des russes et des moscovites, d’abord, attachés à cette icône gracile de la rue Chabolovka mais également celles d’architectes prestigieux, Sir Norman Foster, Tadao Ando et Rem Koolhas notamment, impliqués dans la défense de ce fleuron de l’architecture soviétique et proposant même de l’inscrire sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO.
Aujourd’hui, l’ensemble est inscrit au titre de la législation russe de sauvegarde du patrimoine et les compagnies ayant la charge de l’exploitation de la tour, dont l’entreprise Réseau russe de télévision et radiodiffusion, se sont accordées sur la nécessité d’une restauration de la structure, dont l’état est jugé dangereux. L’utilisation d’une armature interne au niveau des fondations permettra de réduire de 50 à 100% la sollicitation de la résistance de la tour face à son propre poids. D’autres travaux de consolidation vont être réalisés. Une demande de fonds d’urgence devrait être adressée rapidement au ministère russe de la Culture, dans l’optique d’une fin de travaux à l’horizon octobre 2016. Ce sera à ce moment seulement, une fois tous les travaux de mise aux normes effectués, que le ministère de la Culture devrait récupérer la gestion du lieu et en déléguer la tutelle au Musée polytechnique de la ville de Moscou.
L’arrière petite fille de l’ingénieur, Elena Choukhova, lors de ce colloque, a souligné l’importance de la décision prise pour la sauvegarde du patrimoine soviétique. « Il s’agit tout de même d’un monument dédié à l’héroïsme de l’esprit humain, dédié à l’art de l’ingénierie. La Tour Choukhov est […] unique, sans elle, il est impossible de s’imaginer Moscou ».
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Le sort de la Tour Choukhov, à Moscou, enfin décidé
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Abonnez-vous dès 1 €La Tour Choukhov construite par l'ingénieur et scientifique russe Vladimir Choukhov en 1922 © Photo Sergei Arsenyev - 2006