Le Musée national du cinéma de Moscou de nouveau dans la tourmente

Le 27 octobre 2014, les 22 salariés du Musée du cinéma à Moscou ont adressé au ministre russe de la Culture, Vladimir Medinski, une lettre de démission collective en réaction à la gestion « déplacée et douteuse » de la nouvelle directrice du musée, Larissa Solonitsyna. Un nouveau rebondissement dans l’histoire de ce musée habitué aux opérations de résistance face à des attaques répétées.

Au début de l’été 2014, Vladimir Medinski décide en effet de ne pas reconduire le contrat de Naoum Kleiman, l’un des fondateurs du musée et son directeur depuis plus de 25 ans. Il gardait tout de même un pied dans l’institution grâce au poste honorifique de président du musée, créé spécialement à l’occasion.

Larissa Solonitsyna, rédactrice en chef du journal SK Novosti, organe de presse de l’Union des cinéastes de Russie, a pourtant très vite imposé un style de management autoritaire et éloigné de l’activité de spécialistes du musée et de ses collections. Cela a conduit les salariés à exprimer leur défiance dans une déclaration remise le 14 octobre à Mikhaïl Bryzgalov, directeur du Département du patrimoine culturel au ministère de la Culture, et à Vladimir Tolstoï, conseiller du président de Russie. Les licenciements se multiplient alors et un juriste spécialisé dans la liquidation d’entreprises fait alors son apparition dans les murs de l’institution sans que cela ne soit nullement expliqué aux salariés. Depuis, l’activité du musée est paralysée : les affaires courantes sont au point mort et les partenaires habituels refusent de continuer à travailler au vu de la situation.

Le ministère de la Culture se tient fermement aux côtés de Larissa Solonitsyna qu’il considère comme légitime dans ses actions. Elena Milovzorova, adjointe du ministre Vladimir Medinski, affirme que le ministère n’a « aucun grief contre l’action de Larissa Solonitsyna en tant que directrice du musée du cinéma ». Elle ajoute que « les salariés de l’institution […] accusent une personne […] sans aucune preuve et [qu’]ils utilisent le site officiel du musée pour leurs attaques d’un genre douteux » d'après The Art Newspaper Russia.

Ce n’est malheureusement pas la première fois que le Musée du cinéma de Moscou se trouve dans une position difficile dont l’issue semble tout de même se diriger vers une fermeture. En 2005, le musée était à la rue après treize années de bataille juridique contre l’Union des cinéastes russes. Installé depuis 1989 dans le Palais du cinéma du centre de Moscou, il en avait été expulsé après que Nikita Mikhalkov, le plus célèbre des cinéastes russes contemporains et également le plus proche de Vladimir Poutine, a officiellement vendu ses parts dans le Centre du cinéma, pour six millions de dollars, à condition que le musée s’en aille, d'après Libération.

Aujourd’hui, la crise semble être d’une ampleur similaire pour ce musée qui a toujours été le symbole d’une résistance non pas à la politique de Vladimir Poutine mais bien au système politique qu’il a mis en place. Un système autoritaire, opaque et corrompu.