NEW YORK (ETATS-UNIS) [11.07.14] - Les expositions de début d’été dans le célèbre quartier des galeries de New York se révèlent assez décevantes cette année. Trop d’expositions collectives et d’œuvres de second choix.
A Chelsea, le quartier principal des galeries d’art contemporain de New York, délimité d’Est en Ouest par les 9ème et 10ème avenues et, du Nord au Sud, par les 27ème et 18ème rues, l’expérience se fait autant dans la rue qu’au sein même des galeries. Avant même de pénétrer dans celles-ci et de découvrir les œuvres proposées, le visiteur est immanquablement frappé par la puissance qui se dégage de ce quartier de New York dont les travaux semblent sans fin, entre poursuite de l’aménagement de la High Line - la promenade plantée qui longe Chelsea - développement immobilier de très haut standing avec multiplication de tours souvent signées par les plus grands architectes, et galeries, aux espaces fréquemment spectaculaires, qui, aujourd’hui encore, continuent d’étendre leur emprise sur le quartier. Elles y rivalisent déjà dans l’espace de la rue à travers leurs imposantes façades. Les adresses, les surfaces, les volumes, l’agencement, tout doit signifier au visiteur l’excellence de la galerie, des artistes représen-tés et de leurs œuvres. A Chelsea, la barre est placée in-croyablement haut, comme nulle part ailleurs au monde.
Pourtant, lors de notre récente visite, cet environnement extraordinaire s’est – une fois n’est pas coutume – révélé in fine assez décevant. Certes, des galeries de premier plan comme David Zwirner, Barbara Gladstone ou Andrea Rosen étaient fermées afin de préparer leur nouvel accrochage, mais restaient ouvertes suffisamment de grands noms pour assurer le show et, pourtant, le compte n’y était pas. La faute, d’abord à beaucoup trop d’expositions collectives faisant ressembler de nombreux espaces de galeries à des stands de foires. Certes, au cours des dernières années, celles-ci sont devenues essentielles dans l’activité économique des galeries, mais est-ce une raison pour que leur logique s’empare ainsi des espaces d’exposition des galeries dont on pourrait attendre davantage d’engagement et d’audace ? Car, ici, régnaient trop souvent paresse et frilosité. Et trop de mauvaise peinture.
La grande Paula Cooper présentait dans un de ses espaces des Carl Andre de haut niveau mais vus ainsi exposés cent fois et sans surprise. Dans son second espace, elle cédait au syndrome du stand de foire avec une exposition de groupe peu réussie.
La galerie Sonnabend présentait certes une fantastique installation de Carlito Caravalhosa composée de néons blancs posés au sol, ainsi que de troncs d’arbres élagués semblant posés en équilibre sur des verres, le tout d’une dynamique spectaculaire (Possibility Matters), mais aussi de mauvais tableaux dus à Robert Feintuch.
La palme de la faiblesse revenait toutefois à la nouvelle star du marché Sterling Ruby, sous-Claes Oldenburg clinquant et dégoulinant, dont l’immense présentation chez Hauser & Wirth permettait de constater que le travail part dans tous les sens, sans réelle cohérence si ce n’est celle de produire des œuvres plaisantes.
De l’ensemble ressortaient les sculptures composées de bronze et de fibre de verre mélangés de Ken Price chez Matthew Marks, davantage pour leurs effets de couleurs métallisés que pour leurs volumes.
Toutefois, la meilleure proposition restait celle de Tanya Bonakdar, une exposition collective là encore, quelque peu brouillonne, présentant un Ernesto Neto un peu faible car trop littéralement sexuel, mais aussi des vidéos réussies de Phil Collins et Gilian Wearing, une excellente sculpture au dispositif visuel très efficace d’Olafur Eliasson et de remarquables installations de Sarah Sze – débordant de l’espace de la galerie – d’Haim Steinbach et de Mark Dion.
Et le roi Gagosian ? Après une historique exposition Fontana voilà deux ans à la même époque, il ne tenait pas son rang et cédait, lui aussi, à la facilité du group show. Avec notamment trois très beaux Baselitz et quatre Anselm Kiefer dont un seul, Lichtfalle, remarquable, par ses effets de matière suggérant une écorce décollée ou la terre desséchée, les trois autres bien moins beaux que ceux montrés par Thad-daeus Ropac à Pantin. Et deux toiles de Julian Schnabel qui ne bénéficiaient en rien de la proximité de ses glorieux ainés.
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Coup de mou à Chelsea
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Abonnez-vous dès 1 €Sterling Ruby - Pillars (2014) - Galerie Hauser & Wirth