SKOPJE (ARYM) [09.10.13] - L’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) poursuit sa politique d’identité nationale fondée sur le patrimoine grec antique, en accueillant au nouveau Musée archéologique de Skopje 15 statues de cire représentant notamment le conquérant Alexandre le Grand et son père Philippe II, mais aussi le philosophe Aristote et l’empereur Justinien.
Vesely Tsestoeva, directrice du nouveau Musée archéologique de la capitale de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM), Skopje, a annoncé au quotidien national Vecer, relayée par le quotidien grec Ta Nea, l’exposition prochaine au musée de quinze statues de cire à l’effigie des grands hommes fondateurs de la nation. Parmi eux figurent le roi Marko, héros slave, et surtout le conquérant Alexandre le Grand et son père le roi Philippe II, le philosophe Aristote et l’empereur Justinien, qui sont des figures majeures de la culture grecque antique puis byzantine.
Les statues seront exposées « en conformité avec l’époque à laquelle [les figures qu’elles représentent] ont vécu » aurait précisé Mme Tsestoeva. Les journalistes de Ta Nea supposent avec raison que les effigies d’Alexandre, de Philippe et d’Aristote viendront compléter la présentation du moulage du sarcophage antique de Sidon, dit « d’Alexandre » en raison de ses bas-reliefs montrant des batailles du souverain, pris sur l’original conservé au Musée archéologique d’Istanbul, en Turquie, daté de la fin du IVe siècle avant notre ère.
L’ARYM poursuit donc sa politique d’identité nationale débutée lors son indépendance en 1991, largement basée sur le passé antique du royaume de Macédoine et l’utilisation de ses symboles (dont le Soleil de Vergina, emblème de la dynastie des Argéades, qui figure sur le drapeau de l’ARYM), provoquant l’ire des Grecs qui revendiquent la même histoire. Le royaume antique de Macédoine était un Etat souverain fondé au VIIe siècle avant notre ère par la dynastie Argéade, de laquelle sont issus Philippe II et son fils Alexandre III dit Le Grand. Si les origines de cette dynastie ne sont pas connues avec exactitude, son appellation est liée à l’Argolide, région du Péloponnèse au centre de la Grèce, d’où les souverains se disaient originaires. La localisation initiale du royaume qu’ils ont fondé correspond aujourd’hui à une petite zone située à l’est de l’ARYM et bien davantage à l’ouest de la région de Thessalonique, au Nord de la Grèce. Il avait aussi été considérablement agrandi vers l’est sous l’égide de Philippe II et d’Alexandre, au IVe siècle avant notre ère.
Le contentieux qui oppose la Grèce et l’ARYM, reposant sur la mainmise de la culture antique grecque (les historiens et archéologues s’accordent sur l’identité grecque de la culture macédonienne) par les populations slaves soucieuses de construire leur histoire, se poursuit donc de plus belle. Il s’inscrit dans le cadre du projet colossal « Skopje 2014 », vaste campagne d’aménagement de la capitale détruite par un tremblement de terre en 1963. Ce projet est très controversé pour son caractère historiciste et nationaliste, qui a été porté à son paroxysme par l’érection en 2010-2011 d’une immense statue équestre en bronze à l’effigie d’Alexandre le Grand. Face à la colère d’Athènes qui avait considéré l’œuvre comme un affront politique, l’ARYM avait été sommée par l’Union Européenne de changer son nom en « statue du guerrier à cheval ».
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Le nouveau Musée archéologique de Skopje accueillera des statues de cire représentant notamment Alexandre le Grand : une nouvelle provocation à l’égard de la Grèce ?
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