Docks Art Fair très terne

Par Frédéric Bonnet · lejournaldesarts.fr

Le 16 septembre 2013 - 628 mots

LYON [16.09.13] - Globalement faible, la foire lyonnaise installée dans un nouveau bâtiment doit impérativement rehausser son niveau qualitatif.

Heureusement qu’Adélaïde Fériot était là. Invitée à occuper un espace mis à la disposition de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon au sein de Docks Art Fair, la jeune artiste y a installé une sorte de tableau vivant évoluant au ralenti grâce à deux performeuses déroulant des gestes ténus, le visage en partie masqué par un accessoire dont la forme rappelait celle d’une surface de poudre colorée appliquée au sol. Captivante et étrange, l’action permettait au visiteur de la quatrième édition de la foire lyonnaise, qui se tenait du 10 au 15 septembre, de prendre un peu de recul avec l’idée même de regarder. Or du recul il en fallait afin de ne pas sombrer dans la sinistrose d’une manifestation qualitativement médiocre pour l’essentiel.

Si l’obligation faite aux trente-et-un exposants de proposer un solo show permettant d’éviter des agrégats fourre-tout est intéressante et devrait être renouvelée, une sélection beaucoup plus rigoureuse s’impose, soit des galeries soit des projets eux-mêmes.

Quelques belles surprises émergeaient néanmoins de la visite, à commencer par les propositions de deux artistes repérés au même moment dans l’exposition « Rendez-vous 13 », consacrée à la jeune création internationale à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne. Chez Binôme (Paris), Thibault Brunet s’est emparé de la notion de paysage et de sa potentielle réalité à partir d’images très ambiguës tirées de jeux vidéos, tandis qu’à la Galerie Arnaud Deschin (Marseille), Jean-Alain Corre déployait par bribes un univers sculptural rafraîchissant inspiré par une consommation boulimique du cinéma, où chaque proposition est pensée comme un épisode d’une fiction délirante.

C’est un Pierre Buraglio dessinateur et aux expressions multiples qu’a proposé Bernard Ceysson (Saint-Etienne, Paris), alors que chez Les Filles du Calvaire (Paris) on pouvait s’arrêter face à Ismail Bahri et notamment une vidéo découpée en trois parties avec des ouvertures dans un mur s’ouvrant au gré du vent, qui par moments soulève la feuille de papier qui les obture et révèle le paysage.

Malheureusement tout n’était pas de ce niveau et abondaient les propositions plastiquement ou conceptuellement vues et recuites, telle celle de la péruvienne Patricia Camet moulant des emballages domestiques rappelant au final des masques précolombiens (Georges Verney-Carron, Lyon). Certains artistes seraient en outre fondés à ouvrir un jour un ouvrage d’Histoire de l’art, à l’instar du danois Kasper Sonne présenté par Olivier Robert (Paris), dont les tableaux monochromes partiellement brûlés rappellent furieusement quelque chose !

Installée pour la première fois dans un espace en dur, un immeuble récent à quelques pas de la Sucrière, la manifestation a bien entendu bénéficié de l’ouverture de la Biennale d’art contemporain de Lyon qui lui a permis d’attirer en grand nombre des visites tant de professionnels que de collectionneurs. Quand à la qualité des affaires, plusieurs exposants paraissaient relativement satisfaits, rapportant qui des prises de contacts et/ou des amorces de projets futurs, qui des ventes d’un niveau correct.

Pour Laurent Godin (Paris) qui présentait des œuvres nouvelles de Vincent Olinet, lauréat du Prix Montblanc 2013 remis sur le salon, « Lyon est une ville riche et puissante où vivent des collectionneurs sérieux et importants mais pas forcément très visibles. Il est intéressant que quelque chose existe ailleurs qu’à Paris. »

S’il n’est pas de manifestation illégitime en effet, Docks Art Fair doit impérativement veiller à rehausser son niveau général, en tentant notamment d’attirer quelques enseignes offrant un niveau qualitatif plus conséquent voire une meilleure visibilité, tout en veillant à la sélection des propositions. Le tout sans négliger la part prospective que doit entretenir un tel événement et qui s’est vu ici noyée par la faiblesse de bien des projets.

Docks Art Fair

Jusqu’au 15 septembre, Pavillon 8, 59 quai Rambaud, 69002 Lyon, www.docksartfair.com.

Légende photo

Lyon, immeuble RBC quai Rambaud - © Photo charlotte henard - 2011 - Licence CC BY-SA 2.0 

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