Selon une nouvelle étude du ministère de la Culture et de la Communication, il y a près de 2200 galeries d’art contemporain en France

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 22 juillet 2013 - 1125 mots

PARIS [22.07.13] – Réalisée par le Département d’études et prospectives statistiques (DEPS) à la demande du ministère de la Culture, l'étude sur les galeries d'art contemporain en France en 2012 analyse la situation et les conditions d'exercice de près de 2200 galeries recensées sur le territoire. Elle met en avant les très grandes inégalités qui touchent le marché.

L’étude intitulée  Les galeries d’art contemporain en France en 2012 , menée par François Rouet, identifie 2 191 galeries d’art contemporain en France. La population de galeries interrogée pour les besoins de ce rapport correspond à un échantillon représentatif d’à peu près 200 galeries actives sur le premier marché.

Leur répartition sur le territoire reste très inégale, comme leur volume en affaires. En Île-de-France, par exemple, où sont implantées 53 % des galeries (dont 48 % à Paris), elles réalisent 86 % du chiffre d’affaires national. Le sud de la France, terreau de nombreux courants artistiques, talonne la région parisienne avec un quart des enseignes (11 % pour la Provence – Alpes - Côte d’Azur). Vient ensuite la région Rhône-Alpes avec 6 % des galeries puis la Bretagne et l’Aquitaine. Ainsi, 80 % des galeries sont situées dans 5 régions seulement. Ces inégalités se retrouvent également à Paris. Les 3e, 6e et 8e arrondissement accueillent 52 % des galeries, mais réalisent 82 % du chiffre d’affaires total ; le chiffre d’affaires annuel moyen pour les galeries parisiennes étant de 1,15 million d’euros contre 241 000 euros en région. Les mêmes écarts sont visibles sur la valeur des œuvres vendues, les seuils moyens étant souvent inférieurs à 10 000 euros en région, et entre 10 000 et plus de 150 000 euros pour les galeries franciliennes.

Les composantes de l’activité expliquent des volumes d’affaires très inégaux

Parmi les galeries interrogées, 28 % d’entre elles ont choisi d’intervenir sur le second marché en plus de leur activité sur le premier marché, ce qui réduit le risque global de leur activité. Grâce à cette stratégie, il est constaté qu’elles réalisent 60 % du chiffre d’affaires total, avec un volume d’affaires en moyenne quatre fois supérieur à celui des autres pour Paris, et qui n’atteint que le double en région. Plus les galeries sont anciennes, et plus elles interviendraient à ce niveau.

Les liens à l’international sont une composante clé de l'activité des galeries d'art contemporain. Les enseignes qui ont participé en 2012 à au moins deux salons ou foires à l’étranger déclarent un chiffre d’affaires moyen de 3,3 millions d’euros contre 368 000 euros pour celles qui n’ont pas choisi cette stratégie. Une écrasante majorité de ces galeries s’assure une place à l’international grâce à la présence d’artistes étrangers dans leurs rangs. Ces dernières annoncent un chiffre d’affaires de 930 000 euros contre 190 000 euros pour celles qui représentent uniquement des artistes français, qui sont d’ailleurs majoritairement de province. Il faut également noter que près de la moitié du chiffre d’affaires total des galeries est réalisé à l’exportation, et que 78 % d’entre elles proposent des œuvres d’artistes étrangers.

Pour 40 % des galeries enquêtées, 50 % de leur chiffre d’affaires est réalisé grâce à leur cinq plus grands collectionneurs, ce qui constitue une fragilité structurelle indéniable pouvant jouer sensiblement sur leurs résultats.

Des points communs dans l’activité de promotion des artistes

Si cette étude traduit de fortes disparités en termes de chiffre d’affaires, elle met également en lumière de nombreux points communs. Ainsi, les galeries positionnées sur le premier marché réalisent régulièrement des expositions, en moyenne cinq par an, d’une par mois à une par trimestre. À Paris, elles soutiennent en moyenne sept artistes, alors qu’en région la moyenne est de 10. L’ensemble affiche une moyenne de 10 artistes. Le financement des œuvres d’art s’avère être une pratique courante : 70 % des galeries déclarent participer à la production des œuvres des artistes qu’elles représentent, et cela de manière totalement indépendante de leur puissance financière.

Un secteur peu porteur en termes d’emploi

Les galeries d’art contemporain n’offrent que peu d’emplois, et si elles le font, c’est par l’intermédiaire de contrats souvent précaires. La moitié d’entre elles n’ont aucun employé, et seulement 5 % d’entre elles emploient plus d’une personne. Un tiers des emplois du secteur est dévolu aux stages avec 36 % dans les galeries francilienne, et 27 % en région.

L’essai d’une typologie permettant de rendre compte des spécificités de ces galeries

À partir des informations recueillies, une typologie basée sur la division des galeries en trois groupes distincts est établie.

1. Le premier groupe comporte les galeries situées en régions (59 % de l’ensemble). Il se caractériserait par la jeunesse des structures (moins de dix ans), une activité orientée sur le premier marché, une faible présence dans les foires et des artistes majoritairement français. Leur chiffre d’affaires annuel serait inférieur à 300 000 euros.

2. Le deuxième groupe est représenté par les galeries franciliennes « d’importance économique limitée » (20 % de l’ensemble). De dix à quinze ans d’existence, elles seraient actives uniquement sur le premier marché, très présentes sur les foires, et fourniraient un important soutien financier à leurs artistes. Leur chiffre d’affaires annuel serait en-dessous de 1 million d’euros.

3. Le dernier groupe correspond aux galeries franciliennes « d’importance économique majeure » (20 % de l’ensemble) de plus de 15 ans d’ancienneté, disposant de plusieurs lieux d’expositions. Leurs interventions seraient fréquentes sur le second marché, elles auraient tendance à vendre des artistes étrangers, et le chiffre d’affaire annuel dépasserait le 1 million d’euros.

La définition de ces types permet d’y faire entrer de manière indépendante les galeries en régions pour mettre en évidence leurs caractéristiques spécifiques et, ainsi, ne pas fausser les résultats en donnant des moyennes sur l’ensemble du pays qui seraient loin d’être significatives compte tenu des fortes disparités relevées entre les régions et l'Île-de-France. Mais cette typologie laisse de côté les galeries franciliennes de moins de 10 ans, et les galeries anciennes de région, qui sont pourtant bien présentes et actives sur le marché. De même, en ignorant volontairement les choix stylistiques des galeries, l’étude ne rend pas compte des disparités en termes de poids économique et de stratégie qui en découlent.

En extrapolant les résultats de l’échantillon enquêté aux 2191 galeries identifiées, il est estimé dans cette étude que le volume d’affaires total pourrait avoisiner les 1 milliard d’euros, un chiffre un peu plus élevé que les enquêtes précédentes qui, selon l’INSEE en 2006, aurait atteint les 500 millions, et, en 2011, selon la Maison des Artistes, les 620 millions d’euros.

Ce chiffre, à relativiser, dénote un écart avec les autres enquêtes qui pourrait s’expliquer par les incertitudes qui existent au regard de la taille de l’échantillon sélectionné, et par celles qui sont liées aux activités des galeries qui n’ont pas été interrogées.

Légende photo

FIAC 2012 Paris - © Photo g.sighele - 2012 - Licence CC BY 2.0 

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