Pac-Man et Tetris entrent au MoMA

« Les jeux vidéos sont-ils de l’art ? », « Oui bien sûr ». Le département d’architecture et design du MoMA a choisi son camp. Le 29 novembre, le musée annonçait dans un communiqué l’acquisition de 14 jeux vidéo pour sa collection permanente, une liste qui devrait s’allonger à 40 d’ici peu.

L’idée n’est pas vraiment nouvelle. Pensons à « Game Story. Une histoire du jeu vidéo » organisée au Grand Palais récemment, ou encore au Musée du jeu vidéo parisien ouvert en 2010 (actuellement sans locaux). Mais l’acquisition de jeux vidéo dans les collections d’un musée d’art moderne et contemporain en revanche, est une donnée nouvelle.

Kate Carmody et Paul Galloway, responsables du département, ont dû définir une base de critères pour la sélection des jeux. Ainsi, les nouvelles acquisitions ont été choisies selon leur niveau d’interactivité, leur expérience esthétique, leur qualité visuelle, et pour les notions d’espace et de temps développées dans leur scénario. L’équipe est allée plus loin encore, cherchant à reconnaître l’élégance de certains codes et le type de comportement que provoque le jeu sur les joueurs.

Comme pour toutes les œuvres exposées dans un musée, la question de conservation s’est bien sûr posée. Il ne s’agit pas ici de vernis qui craquelle ou de peinture qui ternit, mais du code (élaboré par un programmateur) qui devient obsolète. Le musée cherche donc à acquérir une copie de l’œuvre originale sous sa forme première (cartouche par exemple) et de leur matériel d’origine (consoles et ordinateurs) dans les cas où le matériel est toujours disponible. Dans la mesure du possible, le musée essaye d’acquérir le code source du jeu, afin de le transcrire et de le préserver sous de nouvelles formes. Comme pour toute œuvre là encore, les conservateurs désirent faire l’acquisition de tous les documents relatifs à la création du jeu. Une tâche de longue haleine qui, en plus d’améliorer la conservation des œuvres, viendra enrichir le propos des expositions.

L’équipe du MoMA a d’ores et déjà annoncé la possibilité de jouer sur les œuvres quand les conditions de conservation des machines et la durée du jeu le permettent. Pour les jeux nécessitant des machines trop fragiles, une transcription sur des outils plus récents pourra permettre aux visiteurs de tester l’œuvre. Quant aux jeux trop longs à utiliser dans leur totalité, des démonstrations élaborées grâce à l’aide de joueurs, d’historiens et de programmateurs, donneront une idée assez précise du contenu aux visiteurs.