Archéologie - Politique

L’Irak interrompt sa coopération archéologique avec les États-Unis

Par Doriane Lacroix Tsarantanis · lejournaldesarts.fr

Le 27 juin 2012 - 396 mots

BAGDAD (IRAK) [27.06.12] – Dans le contexte du conflit relatif à la restitution des archives juives, Liwaa Smaisim, ministre du Tourisme et de l'Archéologie, a confirmé à l’AFP l’arrêt de la coopération archéologique avec les Etats-Unis, précisant que l'Irak utiliserait « tous les moyens » pour que ces documents soient enfin retournés.

La ligue Arabe et le gouvernement irakien accusaient très récemment les États-Unis de collaborer avec Israël pour temporiser la restitution de précieuses archives sur l'histoire juive, emmenées à Washington en 2003. En l’absence de réaction de la part des États-Unis, le ministre du Tourisme et de l'Archéologie a expliqué à l’AFP avoir « arrêté les missions d'exploration (archéologiques) américaines ».

L’évènement qu’Ahmed ben Helli, secrétaire général de la ligue arabe, qualifie de « plus gros vol de manuscrits et de trésors historiques irakiens », a eu lieu en mai 2003. Des militaires américains, fouillant les quartiers généraux de la Mukhabahrat (police secrète irakienne à Bagdad), avaient alors retrouvé une collection de livres religieux judaïques parmi lesquels figuraient de rares ouvrages du XVIe siècle imprimés à Venise. Les conservateurs américains de l’Administration des archives et des registres nationaux (NARA - National Archives and Records Administration), en poste en Irak, avaient rédigé un rapport d’évaluation sur la conservation de ces documents, sauvés d’une cave inondée à la suite d’une rupture de canalisations durant le conflit. En raison du manque d’infrastructures en Irak, le rapport conseillait l’envoi des archives aux États-Unis pour un travail de conservation « expéditif », « jusqu’à l’élection d’un gouvernement irakien ».

Le porte-parole de l'ambassade des États-Unis, Michael McClellen, a confirmé que les documents se trouvaient toujours « sous la garde provisoire des archives nationales américaines, la NARA, à des fins de conservation et de numérisation » ; le département d'État américain finançant « la phase finale du projet, qui comprend une exposition éducative bilingue (anglais/arabe) du matériel, aux États-Unis et en Irak ». Il a également déclaré que « tout le matériel retournera en Irak à la fin du projet ».

Liwaa Smaisim, campant sur sa position, insiste sur le fait que « l'accord qui avait été signé entre l'Irak et les Américains à ce moment-là stipulait qu'elles soient remises en 2005 après leur restauration », ajoutant que la question des archives juives ferait partie « d'un problème plus grand avec Washington » qui conserverait 72 000 objets appartenant à l'Irak.

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Façade de la mosquée de Meshed Ali à Najaf - Irak - © Photo Arlo K. Abrahamson - 2003

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