PARIS [05.06.12] - Quatre mois avant l’inauguration de l’exposition qui scellera le don par Michael Werner de 130 œuvres au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, les contours de l’opération se précisent.
L’homme est connu pour être parfois ombrageux et ses colères légendaires, mais c’est particulièrement souriant et détendu que Michael Werner, qui en septembre prochain ouvrira une quatrième antenne à Londres avec une exposition consacrée à Peter Doig, s’affiche aux côtés de Fabrice Hergott, le directeur du Musée d’art moderne de la Ville de Paris à qui il a promis la considérable donation de 130 œuvres qui, à l’automne prochain, viendront enrichir ses collections ; soit la donation la plus importante depuis le legs du docteur Maurice Girardin en 1953. L’aveu ferait presque figure d’hommage et révèle une véritable complicité : lorsque son interlocuteur lui demande quelles raisons l’ont poussé à faire ce cadeau à l’institution dont il a la charge, le marchand allemand répond du tac au tac : « c’est à cause de vous ! », tout en avouant une certaine tendresse à l’endroit de la ville de Paris et en louant le professionnalisme de ses institutions, ce qui ne devrait pas manquer de faire jaser outre-Rhin.
C’est en invitant le Werner collectionneur à prendre possession des salles de son musée afin d’y déployer ses goûts et son regard avec un accrochage colossal de plus de 800 pièces – comprenant un très grand nombre dessins – qu’Hergott est parvenu à le convaincre d’effectuer cette donation. Celle-ci n’est pas assortie de contraintes quant à un accrochage spécifique une fois passée l’exposition qui ouvrira ses portes le 5 octobre prochain, même si certaines œuvres devraient évidemment rejoindre par la suite les cimaises de la collection permanente.
Le contenu de la donation révèle des surprises, qui permettra de combler des lacunes de la collection relatives à l’art allemand, mais pas que. Pas moins de seize bronzes d’André Derain, visages et masques, y figurent, de même qu’un ensemble de dix grandes toiles de Niele Toroni datées de 1983, un assemblage en bois et tissus de Robert Filliou se déployant sur plus de 4 mètres (Bien fait – mal fait – pas fait, 1969), un collage de 1959 de Bernard Requichot ou une Grande porte de bois peint (1953) de Gaston Chaissac.
Les artistes allemands constituent bien entendu le gros du bataillon, en particulier la génération d’artistes arrivés à maturité au cours des années 1970 et 1980, dont il a été privilégié des ensembles complets tout en montrant la complémentarité entre peinture et sculpture. Ainsi de la série Standard West (1982) d’A.R. Penck, forte de dix panneaux, à laquelle s’ajoutent vingt sculptures en bois ou bronze. Si Jörg Immendorff et Per Kirkeby ne sont représenté « que » par respectivement douze et quinze pièces, Markus Lüpertz est à la fête avec pas moins de trente-deux œuvres.
Evénement, le maître de la sculpture moderne allemande, Wilhelm Lehmbruck, totalement absent des collections publiques françaises, rejoindra le musée avec une Mère et enfant de 1918.
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La donation Werner se précise
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Abonnez-vous dès 1 €Le musée d'art moderne de la Ville de Paris dans l'aile Est du Palais de Tokyo - © Photo Strobilomyces - 2008 - Licence CC BY-SA 3.0