Il flotte sous le dôme du Petit Palais un parfum de grand bal, quelque part entre Proust et Visconti. Une féerie de mousselines vaporeuses, de plumes multicolores ou de perles scintillantes enchante les prunelles et immerge le visiteur dans un bain d’élégance atemporelle.
Le magicien de cette fête grandiose n’est autre que le couturier Yves Saint Laurent, à qui le musée du Petit Palais consacre une exposition aussi érudite qu’éblouissante.
Sublimée par la scénographie de Nathalie Crinière (qui a déjà flirté avec l’univers de la mode ou du cinéma), cette rétrospective mêlant aux robes archives, photographies et extraits de films raconte, de façon vertigineuse, quelque quarante années de création au firmament. L’on pénètre ainsi dans la pénombre du « studio mental » de l’artiste-couturier, véritable boîte de Pandore d’où s’échappent les références picturales, littéraires et musicales qui ne cessèrent de hanter et de nourrir son imaginaire. Combien modeste – presque monacal – apparaît le studio réel de l’avenue Marceau dans lequel naquirent cependant tant de pièces iconiques !
Caban échappé de la garde-robe des marins, saharienne métamorphosant la femme en exploratrice sexy, tailleur-pantalon ou smoking sonnant comme un manifeste illustrent avec panache le « style » Saint Laurent. Révolutionnaire sans ostentation, extravagant et classique tout à la fois. Les réminiscences historiques et cinématographiques ne sont jamais bien loin, comme en témoigne l’ahurissante collection de l’Été 1971 aux allures incontestablement rétro. Un « rétro » qui affirme pourtant haut et fort le retour du glamour et de la sophistication en plein tourbillon féministe et hippie…
« Les femmes de Saint Laurent sont sorties des harems, des châteaux, et même des banlieues, elles courent les rues, les métros, les Prisunic, la Bourse », résuma avec pertinence Marguerite Duras. Leurs silhouettes hantent désormais les musées pour atteindre l’immortalité…
« Yves Saint Laurent », exposition réalisée avec la collaboration de la fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, avenue Winston-Churchill, Paris VIIIe, tél. 01 53 43 40 00, jusqu’au 29 août 2010.
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Yves Saint Laurent - Et le couturier créa la femme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°625 du 1 juin 2010, avec le titre suivant : Yves Saint Laurent - Et le couturier créa la femme