C’est « le » Pompon !

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 28 octobre 2008 - 561 mots

Le maître du lisse a révolutionné la sculpture animalière. Ses œuvres sont très collectionnées. Mais attention aux faux et aux copies qui circulent sur le marché...

Tailleur de pierre de formation, François Pompon (1855-1933), chef d’atelier chez différents sculpteurs dont Rodin, mettra du temps à trouver sa voie. En 1905, il opte pour une simplification des formes, une abstraction des détails et un jeu des volumes tout en rondeur. Des bêtes dépourvues de plumes et de poils, lisses comme des galets.
Mais ce n’est qu’en 1922, année où il présente son grand Ours blanc au Salon d’automne, qu’il se fait réellement connaître. Sa carrière est lancée, à 67 ans ! Il devient alors l’un des pères fondateurs de la sculpture moderne animalière.

Drôles d’oiseaux
La profonde originalité de Pompon est d’avoir synthétisé la forme de l’animal, dessiné par une ligne nette et continue, tout en lui conservant un sentiment de vie. Par cette synthèse, il parvient à un style qui est propre. Outre l’Ours blanc, le Pélican, le Grand-Duc, le Corbeau et la Panthère noire (un de ses rares modèles de fauve) sont considérés comme ses modèles les plus importants.
Son répertoire d’oiseaux de toutes sortes est étonnant : cygne, paon, dindon, pintade, poule Cayenne et poule d’eau, coq indien ou dormant, canard, oie, condor, chouette, marabout, cigogne, tourterelle, pigeons au nid ou boulants dont il lance la mode chez les jeunes sculpteurs, et grue couronnée en marche ou en repos sur une patte « avec l’aigrette striée ou non pour une ultime démonstration de l’inutilité des détails dans la projection de la forme vue en ombre chinoise », précise Liliane Colas, l’expert de l’œuvre de Pompon.

Attention aux copies grossières
Les bronzes de Pompon sont très appréciés. Mais l’intérêt des amateurs a entretenu un marché truffé de faux et de mauvaises copies, pourtant proposées à des prix d’œuvres authentiques. Victime de son succès, « l’Ours blanc est la pièce la plus répandue, la plus copiée. Et elle se vend bien même si la réplique est grossière », constate Liliane Colas. Une patine défectueuse ou trop brillante pour ne pas être neuve ; une signature qui n’est pas là où elle devrait être ; des aspérités, rayures ou irrégularités en surface, sont quelques-unes des pistes pour détecter ces médiocres répliques.

Questions à... P. Dumonteil, galeriste spécialisé dans la sculpture figurative des XXe et XXIe siècles

Pourquoi est-ce compliqué d’acheter un bronze de Pompon ?
Parce qu’il existe jusqu’à quatre qualités de fonte suivant les modèles. Avec des niveaux de prix différents. Par exemple, l’Ours blanc : une belle épreuve du vivant de l’artiste vaut généralement plus de 100 000 euros. Les fontes posthumes d’avant 1960 se négocient de 60 000 à 90 000 euros. Quant aux tirages posthumes plus récents, se pose souvent la question de leur authenticité.

Quelles précautions faut-il prendre ?
Il est conseillé de se faire assister par un professionnel compétent et fiable, marchand ou maison de ventes. Il est important de demander le plus de détails possibles qui doivent figurer sur la facture. À savoir, un descriptif précis du bronze, son historique, sa date de fonte avec mention « du vivant de l’artiste » ou « tirage posthume ». En matière d’authenticité, Liliane Colas, coauteur du catalogue raisonné de l’artiste (malheureusement épuisé !) et expert de l’œuvre de Pompon, fait autorité. Un certificat rédigé par ses soins est fortement recommandé.

Où trouver Pompon

Galerie Univers du bronze
27-29, rue de Penthièvre, Paris, VIIIe, tél. 01 42 56 50 30, www.universdubronze.com

Maison de ventes Camard & Associés
18, rue de la Grange Batelière, Paris, IXe, tél. 01 42 46 35 74, www.camardetassocies.com

Sotheby’s
76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris, VIIIe, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°607 du 1 novembre 2008, avec le titre suivant : C’est « le » Pompon !

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