Force est de le constater, Walter Benjamin (1892-1940) est l’un des écrivains qui a connu l’une des fortunes critiques les plus considérables au cours de ces trente dernières années, notamment auprès des artistes plasticiens. Proche d’Adorno, esthéticien et théoricien, l’auteur de L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité est aussi passé à l’histoire comme figure victime du fascisme, acculé qu’il a été au suicide par le régime espagnol qui le pourchassait. Intitulée « Barbara et Michael Leisgen. Angelus Novus », l’exposition des travaux de ces deux artistes que l’on peut voir actuellement chez Nathalie Parienté procède sur le mode métaphorique comme un hommage à l’écrivain allemand. Bien plus qu’à son œuvre littéraire, c’est au tragique de son destin que le couple de photographes s’est intéressé sans rien délivrer au regard qui soit immédiatement explicite. Faites pour la plupart de l’association de deux éléments hétérogènes, les images qu’ils ont réalisées sont d’une extrême rigueur ; elles jouent de la tension instituée tant entre la profondeur des noirs et l’éclat des blancs qu’entre la violence et la douceur des motifs. Ainsi de Passage pour Walter Benjamin II (1997) qui organise la confrontation entre l’image au carré sur fond résolument noir d’une main tenant une baguette de chef d’orchestre à la pointe acérée et celle placée au-dessus, toute en longueur, de la vue panoramique d’un paysage aux allures de rive maritime. Quelque chose de symbolique et de poétique se mêle toujours ainsi dans le travail des Leisgen qui trouve avec cette série une forme de puissant accomplissement.
Galerie Parienté, jusqu’au 10 avril.
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Hommage des Leisgen à Benjamin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Hommage des Leisgen à Benjamin