Un Cobra chez Van Gogh.
Tout le village d’Auvers-sur-Oise bruisse de la présence de Vincent Van Gogh. Il n’y résida pourtant que soixante-dix jours, du 20 mai au 29 juillet 1890, date de sa mort. Les iris omniprésents le long des chemins, sur les talus et dans les jardins, la mairie, l’église, les champs alentours évoquent irrésistiblement les ultimes toiles de l’homme qui écrivit dans sa dernière lettre à son frère Théo : « Eh bien, mon travail à moi, j’y risque ma vie... »
De nombreux autres peintres avaient précédé Van Gogh à Auvers-sur-Oise, attirés par les paysages verdoyants du Vexin français. En 1857, Daubigny amarre son bateau-atelier au pied du village, avant de faire construire « la Villa des vallées » où il recevra ses amis, notamment Corot et Daumier. Cézanne y habite de 1872 à 1874, souvent rejoint par Pissarro. Aujourd’hui encore, Auvers-sur-Oise perpétue la tradition. La cité Van Gogh accueille de nombreux ateliers d’artistes. Expositions et festivals rythment la vie de la cité.
Ainsi, jusqu’au 31 août 2008, le village rend hommage à « un peintre solaire à Auvers-sur-Oise », Guillaume Corneille, Hollandais né à Liège en 1922 (lire p. 20). Cofondateur du groupe Cobra (COpenhague BRuxelles Amsterdam) à Paris, au Café Notre-Dame, le 8 novembre 1948, avec Appel, Jorn, Dotremont, Constant, Noiret, il se souvient : « Nous ne voulions pas de mot d’ordre, ni de réalisme socialiste, ni des abstraits géométriques ou autres. Nous voulions être libres de devenir les peintres que nous voulions être. Nous étions entre deux feux, n’est-ce pas ? Il fallait que chacun fraie son chemin, même seul. » Il l’a fait !
Quatre lieux accueillent les œuvres de l’artiste souvent primitif, baroque, parfois obsessionnel, toujours indifférent aux modes : le musée Daubigny, le château d’Auvers, la galerie d’Art contemporain et l’église Notre-Dame, nous plongeant dans un univers sensuel, coloré, dans un espace onirique simplement humain.
Pourquoi Auvers ? Corneille aime son compatriote Van Gogh, passionnément. « Ce que tu donnes à travers un morceau de peinture, c’est la vie prodigieusement captée. Merci, mon cher Vincent. » Il a fait le vœu d’être enterré au cimetière d’Auvers, non loin de Vincent et de Théo.
« Corneille, un peintre solaire à Auvers-sur-Oise », musée Daubigny, galerie d’Art contemporain et église Notre-Dame, Auvers-sur-Oise (95), tél. 01 30 36 80 20, jusqu’au 31 août 2008.
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Corneille
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°604 du 1 juillet 2008, avec le titre suivant : Corneille