La house sale d’Axel Vervoordt

Pour déstocker, les antiquaires font régulièrement appel aux marteaux des commissaires-priseurs. Qu’ils le veuillent ou non, leurs destins sont inextricablement liés. Le marchand de tableaux flamands Georges de Jonckeere n’a-t-il d’ailleurs pas investi depuis 1990 dans la société de ventes belge Servarts ? L’antiquaire-décorateur belge Axel Vervoordt a, quant à lui, missionné Christie’s pour la vente d’un millier d’œuvres de son fonds riche de 13 700 pièces. Écho au goût éclectique et zen du décorateur, cette dispersion brasse des pièces d’archéologie, des meubles rares, des objets insolites, des antiquités précolombiennes ou encore des œuvres d’art orientales, pour une valeur estimée à 3 millions d’euros. Ponctuée de concerts et de conférences, l’opération se déroulera dans son château familial de Gravenwezel, dans la grande tradition des house sales. Vervoordt joue de cet événement comme d’un aimant médiatique. « On souhaite mieux nous faire connaître. Au début, nous avions pensé vendre des pièces dont on ne voulait plus. Finalement nous allons essayer de montrer ma personnalité par des objets avec lesquels j’aime vivre », précise le décorateur. Une douzaine d’objets issus de sa collection personnelle viennent « épicer » la vente. On y verra notamment un vase en porphyre que le décorateur possède depuis vingt ans ou encore quinze portraits d’empereur par Otto Venius, maître de Rubens.
La démarche de Vervoordt laisse perplexe nombre d’antiquaires. En valorisant la logistique de Christie’s, le décorateur n’est-il pas justement en train de scier sa propre branche ? « Il faut travailler main dans la main avec les salles de ventes, en confrère et non en concurrent », rétorque l’intéressé. Un œcuménisme à double tranchant.