L’appétence première pour toute biographie d’artiste porte naturellement vers l’homme derrière le créateur. Elle est d’autant plus forte que l’artiste s’appelle Léonard de Vinci (1452-1519).
Son parcours est connu de tous. Après des années de formation dans l’atelier de Verrochio à Florence, il se met au service de Ludovic Sforza à Milan. François Ier lui fournit sa dernière résidence. Son génie multiple en a fait l’icône de la Renaissance : peintre, ingénieur militaire, urbaniste, physiologiste.
Un portrait psychologique
L’homme est moins connu et c’est tout le mérite de Charles Nicholl que d’avoir tenté de mieux cerner le personnage dans une écriture propre aux Anglo-Saxons. L’auteur a trouvé la bonne synthèse entre le récit romancé, que l’on trouve trop souvent dans les biographies historiques françaises, et la thèse universitaire. Il s’efforce d’apporter une certaine forme de narration à un écrit scientifique où chaque fait est démontré.
Nicholl a souvent recours à Freud pour comprendre la psychologie de Léonardo de ser Pietro da Vinci. Notamment ce qu’il pense être le traumatisme initial de Léonard. Enfant naturel de Pietro, notaire, et de Catarina une servante, il grandit à la campagne naviguant entre les deux foyers. Reconnu par son père, il se sent exclu, jusqu’à l’ultime humiliation symbolique : Pietro le déshérite. L’imagerie populaire réduit Léonard à un vieillard à barbe blanche. Mais avant d’être ce cliché trompeur, Léonard fut un homme séduisant, courtois, doté d’un humour caustique. C’était un musicien talentueux. On dirait aujourd’hui un dandy.
L’auteur est convaincu de son homosexualité. Léonard fut d’ailleurs l’objet d’une dénonciation en ce sens en 1476. Selon Vasari, une des principales sources du livre, Léonard affectionnait les longs cheveux en bouclettes, une iconographie récurrente dans ses portraits de jeunes hommes. Le maître était aussi, on s’en doutait un peu, organisé et méticuleux. Les nombreux comptes de ménage qu’il inscrivait en marge de ses fameux carnets, entre un dessin anatomique et une machine volante en témoignent. Léonard a peu voyagé. Tout juste une incursion au sud de Rome et un dernier séjour à Amboise.
Malgré une accumulation de détails et de démonstration, l’ouvrage se lit facilement. Le découpage chronologique en courts chapitres thématiques y est pour beaucoup. La reproduction des œuvres citées, en noir et blanc certes, est un vrai confort de lecture.
Charles Nicholl, Léonard de Vinci, Actes Sud, 700 p., 34,5 €. Traduit de l’anglais par Christine Piot.
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Léonardo génial dandy de la renaissance
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°585 du 1 novembre 2006, avec le titre suivant : Léonardo génial dandy de la renaissance