Alors qu’on connaît fort bien Per Kirkeby peintre, on découvre, avec « Sculptures en brique » (1966-2016) dans la cour vitrée des Beaux-Arts de Paris, le sculpteur ; chez ce plasticien éminemment talentueux, les deux médiums sont intrinsèquement imbriqués, puisqu’il précise : « Les blocs de brique sont la structure de mes peintures, leur échafaudage intérieur, leur squelette.»
Occupant magistralement l’espace de la cour vitrée, l’ensemble des douze pièces en brique, incluant une construction monumentale, un groupe de trois sculptures planes ainsi qu’un ensemble inédit de huit stèles, est une révélation à plus d’un titre. D’une part, c’est la première fois en France qu’une exposition est exclusivement dédiée à ce corpus : les œuvres en brique du Danois, qui, alors qu’il est surtout connu dans l’Hexagone pour un paysagisme abstrait expressionniste, nous dévoile ici, et non sans brio, ses sculptures épurées ayant participé dans son pays, dès les années 1960, au minimalisme.
D’autre part, dans l’histoire de l’art, c’est toujours passionnant quand un créateur s’empare d’une autre discipline pour tirer sa pratique vers des contrées inconnues ; le « regard dissident » et le pas de côté adoptés, on pense aux peintres Picasso et Modigliani, permettant souvent l’échappement libre, hors des sentiers académiques. C’est le cas ici : installant ses monolithes dans une cour étroitement liée à l’histoire de la sculpture – elle fut longtemps destinée à la présentation de copies d’après l’antique –, Per Kirkeby, en même temps qu’il établit une combinatoire géométrique dialoguant finement avec le lieu, propose, en affirmant le vide, de s’interroger, après Brâncusi, Caro Vermeiren, sur le statut du socle en sculpture. Brillantissime !
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Per Kirkeby sculpteur
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Per Kirkeby sculpteur