Dossier
Que signifie cette prédilection pour les grands thèmes métaphysiques qui traversent la 54e Biennale de Venise ? Tandis que la commissaire de l’exposition internationale, Bice Curiger, tente l’illumination des consciences avec un parcours qui distille les questions de l’identité et du vivre ensemble, Christian Boltanski médite sur le cycle de la vie pendant que les pavillons nationaux s’adonnent à des variations sur le thème de l’écologie ou de la politique internationale. Ces nobles pensées serviraient-elles à faire oublier que, en coulisse, changer le monde n’est pas la priorité des collectionneurs ? Le discours bien pensant peine d’ailleurs à convaincre, tant l’accrochage signé Bice Curiger manque de cohérence et l’art engagé tend à se perdre dans une molle littéralité. La censure des sculptures d’Aidan Salakhova, représentant des femmes voilées, ordonnée par le président azerbaïdjanais et le très douteux pavillon italien de Vittorio Sgarbi viennent noircir le tableau. Alors, quand le jury décerne le Lion d’or de la participation nationale au cinéaste allemand décédé en 2010, Christoph Schlingensief, pour son emphatique (et ironique) cathédrale de l’art contemporain, peut-on déceler, derrière l’hommage sincère, l’ombre d’un cynisme généralisé ?
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