Paris

Wool en variations

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 24 avril 2012 - 418 mots

Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, présente les dix dernières années de création de l’artiste américain peu exposé dans la capitale.

PARIS - C’est une histoire de répétitions, mais de différences également, de similitudes pas exactement similaires, d’effacements et d’apparitions, de surfaces et de profondeurs, de recouvrements et de perturbations. En bref, une histoire de glissements plus ou moins perceptibles, qui par leur proximité et leur multiplication offrent à l’œil un vaste champ d’investigation visuel et sémantique.
Quoique relativement modeste par la taille, avec trente œuvres dont une majorité de tableaux et quelques travaux sur papier, l’exposition consacrée à Christopher Wool par le Musée d’art moderne de la Ville de Paris est un événement en ce que cet artiste qui affole les professionnels et le marché – pour de bonnes raisons celui-là ! – est de tout temps resté singulièrement invisible dans la capitale. Concis, le parcours se concentre sur les dix dernières années de production et se focalise sur ces problématiques de répétition d’une trame de départ qui, pour rester perceptible dans la majorité des cas, n’en demeure pas moins soumise à de nombreuses variations ; des variations fruits d’une parfaite maîtrise dans l’usage conjoint de la sérigraphie, de l’outil informatique et de la main.

Déconstruire l’image pour la renforcer
Précis, l’accrochage donne à voir des travaux issus de cinq familles différentes, où de grandes toiles sont parfois accompagnées d’une œuvre sur papier qui en constitue l’origine. À force d’évolutions ou « d’accidents », entre sensations contradictoires de familier et de particulier, sa déclinaison pose subtilement la question de l’original d’une image et de sa perte à travers une adaptation qui pourrait être un processus sans fin, mais permet finalement d’afficher une résistance du motif que la manipulation, loin de l’affaiblir, sans cesse revitalise grâce à cette faculté de générer de nouvelles images ; ou comment défier et renverser les valeurs !
Par-delà, l’artiste, qui pourtant ne se montre pas didactique à l’endroit du regardeur, même s’il cherche à maintenir son attention en alerte, professe une leçon sur la manière de composer une image à travers l’interprétation, lui qui manie la métaphore musicale en affirmant qu’il n’est jamais possible de rejouer une partition de la même manière. Sa musicalité serait plutôt de l’ordre de la composition par échantillonnage, entre construction rendue possible par la technique et improvisation du geste. Au-delà de la problématique de l’écriture, la possibilité de la peinture relève chez Wool d’une nécessaire question d’interprétation.

WOOL

Commissaire : Fabrice Hergott
Nombre d’œuvres : 30

CHRISTOPHER WOOL

Jusqu’au 19 août, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris, tél. 01 53 67 40 00, www.mam.paris.fr, tlj sauf lundi 10h-18h, jeudi 10h-22h. Catalogue éd. Holzwarth Publications, 120 p., ISBN 978-3-935567-59-6, 35 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°368 du 27 avril 2012, avec le titre suivant : Wool en variations

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