Le vaisseau Marseille-Provence 2013 a bien évidemment fait grimper sur le pont l’art contemporain. Notamment en passant, pour l’occasion, commande à des artistes.
C’est le cas, en particulier, de Kader Attia, 41 ans, personnage clé de la scène contemporaine française, qui hérite d’une commande publique du ministère de la Culture. Celui-ci s’est vu, en effet, proposer d’investir un lieu emblématique et ô combien symbolique du front maritime phocéen : la mythique digue du large. L’artiste, qui prépare une installation monumentale, concède avoir déjà quelques accointances avec cette situation géographique : « Le port de Marseille a toujours été un symbole fort pour moi, synonyme de voyage, d’ailleurs. J’imagine un projet ouvert à tous les horizons : l’horizon de la ville, l’horizon du large et de la côte naturelle ». Pendant cinq mois, de mai à septembre 2013, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) a donc consenti l’ouverture au public de la partie sud de la digue du Large. Outre l’installation de Kader Attia, le GPMM compte donner carte blanche à d’autres artistes, en vue de l’installation d’œuvres sur le quai longeant ladite digue. MP 2013 s’est aussi tournée vers la Fondation de France, à travers son programme Nouveaux commanditaires, en vue de réaliser une série de neuf commandes artistiques. L’originalité de la méthode, on le rappelle, permet « à des citoyens confrontés à des enjeux de société ou de développement d’un territoire, d’associer des artistes contemporains à leurs préoccupations en leur passant commande d’une œuvre ». Ainsi, Didier Fiuza Faustino accrochera sur la monumentale façade de l’hôpital Nord de Marseille une gigantesque installation intitulée L’Écume des jours. Lucy et Jorge Orta déploieront, eux, le long du fleuve Huveaune Le Chemin des fées, un parcours de sculptures. Tandis que Tadashi Kawamata, pour valoriser le territoire camarguais, installera une série de constructions baptisées Les Sentiers de l’eau, dont la première au Mas du Pont de Rousty, siège administratif du Parc naturel régional de Camargue.
Premier à essuyer les plâtres, en ce début d’année 2012 : l’artiste néerlandais Krijn de Koning, avec une installation intitulée To Make A Place, autrement dit « créer un lieu ». Inauguré le 20 janvier, ce « lieu » n’est autre que le hall d’entrée du collège Notre-Dame de La Major, dans le quartier historique du Panier, à Marseille. Le hic : l’absence d’une cour de récréation. Il fallait donc inventer, pour les élèves, un espace à la fois d’attente et de détente. Krijn de Koning : « Ce lieu devait concilier deux notions importantes : être à la fois un espace de transit et un «paysage intérieur» constitué d’éléments modulables en résine que l’on peut reconfigurer à l’envi. » Résultat : une transformation simple et néanmoins radicale de l’espace d’accueil de l’école, dont on ne sait, pour l’heure, s’il palliera effectivement l’absence d’une cour à l’air libre. Coût de l’opération : 160 000 euros, honoraires de l’artiste compris.
C’est sans doute le projet qui colle le plus à l’idéal de la manifestation : ne pas être uniquement « capitale » européenne de la culture, mais « Territoire », moins « Marseille » et davantage « Marseille-Provence ». Comment mieux signifier un territoire, sinon en le parcourant à pied ? Telle est l’idée développée par le Marseillais Baptiste Lanaspeze, 34 ans, fondateur de la maison d’édition Wildproject, spécialisée dans l’écologie, et à l’origine de la création de ce nouveau « sentier de grande randonnée artistique » baptisé ad hoc GR 2013. Tel un ruban de Möbius, celui-ci déploie donc deux boucles entre Martigues et Aubagne, l’une à l’ouest, autour de l’étang de Berre, l’autre à l’est, autour du Massif de l’Étoile. L’intersection correspond pile poil, ce n’est pas un hasard, à la gare TGV d’Aix-en-Provence. Au total, quelque 250 kilomètres que l’on pourra réaliser en treize étapes. Reconnaissance suprême, ce nouveau GR 2013 va même faire l’objet d’un topoguide officiel siglé Fédération française de randonnée pédestre. Reste qu’il sera, à n’en point douter, l’un des plus originaux, ciblant divers « points d’intérêts », artistiques ou naturels, architecturaux ou périurbains. Le marcheur pourra ainsi découvrir des sites emblématiques, tels l’aéroport de Marignane ou la voie ferrée de Valdonne. Certaines œuvres devraient également prendre place, provisoirement, au fil du parcours, comme Solar Hills, installations solaires réalisées par l’artiste Liliane Lijn et l’astrophysicien John Vallerga. Sur ce GR 2013, on croisera aussi le Stadium, fameuse salle de rock construite en 1994 par Rudy Ricciotti et aujourd’hui à l’abandon. Comme une réflexion sur le devenir de l’architecture, entre la nuit du maquis et la lumière du port phocéen…
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Commande artistique
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°362 du 3 février 2012, avec le titre suivant : Commande artistique