Une ombre au tableau

PARIS - Le Comité scientifique formé à l’occasion de la restauration de la Sainte Anne de Léonard de Vinci, entreprise par le Musée du Louvre – ayant alarmé nombre d’experts par son caractère jugé trop interventionniste (lire les JdA n° 354 et n° 355) –, vient de perdre deux de ses membres éminents, en désaccord avec la ligne de conduite de l’opération. Après Jean-Pierre Cuzin, inspecteur général honoraire des Musées de France et ancien directeur du département des Peintures du Louvre, c’est au tour de Ségolène Bergeon Langle, conservateur général honoraire du patrimoine, référence en matière de restauration en France, d’avoir jeté l’éponge à la fin de l’année 2011. Cette dernière désapprouve certaines des méthodes retenues qui, selon elle, vont à l’encontre du principe de précaution. Elle devrait s’entretenir prochainement avec Henri Loyrette pour lui exposer ses inquiétudes. Depuis le début de l’opération, Vincent Pomarède, directeur du département des Peintures au Louvre, subit les pressions de plusieurs membres du comité qui souhaitent aller plus loin dans l’allègement des vernis. Ce, malgré la fragilité avérée du chef-d’œuvre de Léonard réalisé selon la technique du sfumato, déjà endommagé par des restaurations antérieures. Le Louvre n’a pas souhaité commenter ces départs qui laissent songeur. D’autant plus que, en 1992-1994, Jean-Pierre Cuzin s’était montré favorable à la restauration ; opération finalement annulée car n’offrant pas de garanties suffisantes quant à la sécurité du panneau. Les membres du Comité scientifique devaient se réunir le 3 janvier pour faire un point sur la restauration, qui en est à l’étape de revernissage du tableau.