Francine Mariani-Ducray prend la présidence du nouveau Conseil des ventes volontaires et révèle les priorités de l'autorité
Le 2 septembre, vous avez été élue présidente du Conseil des ventes volontaires (CVV) nouvellement composé depuis le 1er août. Quelle était votre motivation ?
Ma nomination comme membre du nouveau CVV a d’abord été, pour moi, une surprise. J’en ai été très heureuse, car j’ai rencontré des acteurs du commerce des biens culturels lorsque j’étais directrice des Musées de France et j’en admire les qualités professionnelles. Compte tenu des échéances législatives que le marché de l’art et les professionnels des ventes volontaires attendent, je m’efforcerai d’exercer cette fonction avec la meilleure concertation possible au sein du CVV, et avec les professionnels, les administrations des ministères compétents ainsi que, dans la mesure où elles le souhaiteraient, les commissions parlementaires. Nous sommes, en effet, dans une phase importante de la transposition de la « directive services », ce qui est à la fois une gageure et une grande chance pour adapter la loi du 10 juillet 2000 sur les ventes publiques – pourtant encore jeune – aux nouvelles exigences d’un marché européen et international. Je tenterai de mettre mon expérience administrative au service de ce travail en cours.
Quels vont être vos axes de travail et vos priorités ?
En tant que présidente du CVV, je tiens en premier lieu à rencontrer les professionnels de l’ensemble du secteur des ventes publiques et du commerce de gré à gré. Il s’agit notamment d’assurer une concertation sur le principal sujet d’actualité qui est donc la transposition de la « directive services ». Je souhaite également que le CVV continue à travailler en commissions sur des sujets tels que l’expertise, la déontologie, la formation professionnelle… Pour cela, j’ai besoin de toutes les compétences et volontés. Je compte solliciter la contribution des onze membres titulaires du CVV ainsi que des onze suppléants et faire pleinement usage du principe de collégialité. En fonction des thèmes abordés, j’envisage également de faire intervenir, en dialogue avec le CVV, des personnes qui lui sont extérieures.
Dans quelle mesure le CVV peut-il sortir de son rôle institutionnel ?
Le CVV ne s’est jamais privé d’avoir un rôle d’observatoire, ce qui n’est pas sortir de son rôle. À ce titre, les rapports annuels sur le marché des enchères qui ont été publiés, comprenant de nombreuses statistiques économiques et analyses de marché, constituent un travail tout à fait utile que je compte poursuivre. De cela, notamment, je rends hommage à mon prédécesseur, Christian Giacomotto. À la direction des Musées de France, j’ai toujours été très attentive aux travaux de l’Observatoire du marché de l’art. Des missions mêmes du CVV découle une capacité de proposition.
Le mandat des membres du CVV, normalement de quatre ans, ne risque-t-il pas d’être raccourci avec la future réforme du marché de l’art ?
En fonction des échéances législatives, ce CVV peut aller de quelques mois d’exercice à quelques années. Nous n’allons pas faire un travail a minima en attendant la nouvelle loi. Nous allons pleinement exercer les missions statutaires qui sont aujourd’hui les nôtres.
On a souvent accusé la fiscalité française d’être à l’origine de distorsions de concurrence entre le marché de l’art français et d’autres places de marché. Qu’en pensez-vous ?
La libéralisation du marché des ventes publiques en France, en 2000, a permis aux maisons de ventes françaises d’améliorer leur qualité de service et aussi de fixer librement leurs frais vendeurs et acheteurs pour être plus attractives. Des ventes bien menées, avec une véritable expertise et du sérieux dans l’organisation, sont la clé du succès. À côté de cela, le poids de la fiscalité n’est pas déterminant. Mais nous devons rester attentifs aux risques de distorsions de réglementation fiscale et de concurrence.
Quelle est votre perception du monde des ventes publiques ?
Je n’ai pas d’expérience personnelle dans la mesure où je n’achète pas aux enchères. Avant mes fonctions au service des musées, le monde des ventes publiques me semblait, comme à beaucoup, à la fois prestigieux et mystérieux. Mais j’étais déjà convaincue – et je l’ai expérimenté à la direction des Musées de France – qu’un marché de l’art dynamique et puissant va de pair avec des institutions patrimoniales fortes et actives. C’est leur intérêt mutuel. Le savoir-faire des sociétés de ventes et leur succès sont un atout important pour le marché des biens culturels dans son ensemble. Je tenterai de les seconder au mieux dans leur travail d’entrepreneurs.
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Francine Mariani-Ducray, présidente du Conseil des ventes volontaires
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°309 du 18 septembre 2009, avec le titre suivant : Francine Mariani-Ducray, présidente du Conseil des ventes volontaires