De nouvelles moisissures ont fait leur apparition dans le fleuron de l’art pariétal préhistorique.
MONTIGNAC (DORDOGNE) - Après l’apparition de taches blanches en 2001 (liée à la moisissure Fusarium Solani), la grotte de Lascaux, située dans le Sud-Ouest de la France, est victime de nouveaux champignons. Des taches noires ont fait leur apparition dans ce haut lieu de l’art rupestre préhistorique fermé au public depuis 1963. « Il s’agit de taches noires fort diverses dont certaines sont très anciennes. La situation est sans commune mesure avec celle de 2000 et 2001 où les champignons et bactéries apparues mettaient en péril la grotte », a précisé Marc Gauthier, président du Comité scientifique international de la grotte de Lascaux. Les peintures vieilles de 15 000 ans ne seraient pas touchées, « à part quelques cas très peu nombreux », a ajouté Michel Clément, directeur de l’architecture et du patrimoine au ministère de la Culture, qui avait convoqué pendant deux jours, les 19 et 20 novembre, les membres du Comité scientifique international de Lascaux. Réuni à Bordeaux, à la DRAC (direction régionale des Affaires culturelles) Aquitaine, le comité créé en 2002 à l’initiative de la Rue de Valois a pris plusieurs mesures pour lutter contre le champignon, notamment l’application d’ici à la mi-décembre d’un « traitement biocide » des taches noires dont l’ampleur sera décidée en concertation avec le Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH). Ensuite, la grotte sera mise en repos avec la cessation de toute activité humaine pendant trois mois. En outre, il est probable qu’en 2008, le système d’assistance climatique de la grotte soit remplacé.
Ces mesures ont été annoncées alors que les protestations d’un autre comité, le Comité international pour la sauvegarde de Lascaux, se font grandissantes. Après avoir demandé en septembre à l’Unesco d’inscrire Lascaux sur sa liste des sites en péril, ce comité, composé de scientifiques, techniciens et artistes, a interpellé les autorités dans une tribune parue dans l’édition du quotidien Libération du 20 novembre. Dans ce texte, ils se disent « consternés par l’improvisation et le manque de méthode scientifique qui président à la gestion de la crise déclarée en 2000 ». Ils réclament la création d’une « instance scientifique supérieure », placée sous l’autorité du ministère de la Culture, mais « indépendante des administrateurs en poste et ouverte au débat public », pointant du doigt l’omerta qui pèse, selon eux, sur la situation sanitaire de ce lieu considéré comme « la chapelle Sixtine de la Préhistoire ». Depuis 2004, le Comité scientifique responsable de Lascaux avait décidé d’interrompre les traitements pour que la grotte retrouve son équilibre interne et n’avait donc procédé qu’à des opérations de nettoyage. La concertation prochaine de microbiologistes avec le LRMH devrait définir, précisément, l’ampleur des travaux à mener dans un contexte nouveau, où, selon Marc Gauthier, le réchauffement climatique serait un facteur à prendre sérieusement en considération.
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Lascaux menacée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°270 du 30 novembre 2007, avec le titre suivant : Lascaux menacée