Les ventes publiques d’art moderne et contemporain organisées pendant la Fiac ont rapporté quelque 120 millions d’euros, envoyant un signal très positif au marché français.
Paris. Mirobolante, décapante, harassante : sans doute les adjectifs manquent-ils pour qualifier ce moment phare pour le marché de l’art français, la semaine de la Fiac (Foire internationale d’art contemporain).
Du côté des ventes publiques, les maisons avaient sorti le grand jeu. Jamais on n’avait vu des vacations en si grand nombre : plus d’une quinzaine en tout, organisées par les sociétés aussi bien anglo-saxonnes que françaises. Si les attentes étaient fortes, les résultats, dans l’ensemble, ont dépassé les espérances. Plus de 120 millions d’euros ont été réalisés en moins de dix jours, qui ne représentent cependant que la moitié des 245 millions d’euros engrangés à Londres une quinzaine de jours auparavant.
Pour la première fois dans le cénacle parisien, le président Monde de Christie’s, Jüssi Pylkkänen, s’est déplacé pour tenir le marteau. Lors de la dispersion de la collection Prat, le tableau Jim Crow (1986), de l’incontournable Jean-Michel Basquiat, a atteint 15 millions d’euros, enchère la plus élevée pour l’artiste en France et pour un tableau cédé cette année dans l’Hexagone. « Cette soirée marque un nouveau tournant pour le département d’art d’après guerre et contemporain chez Christie’s », indiquait Paul Nyzam, responsable de la vente Prat, une fois qu’elle eut été achevée.
Sotheby’s lui avait emboîté le pas en accolant pour la première fois des ventes à la foire parisienne, pour un montant global de 21,5 millions d’euros. Un peu fourre-tout, la soirée consacrée à la traditionnelle vente d’art impressionniste et moderne a engrangé 6,9 millions d’euros quand la collection Arthur Brandt, axée sur les mouvements Dada et surréaliste, atteignait 3,9 millions d’euros. Le nouveau format thématique intitulé « Modernités : de Rodin à Soulages », un intéressant dialogue entre les modernes, des avant-gardes à l’abstraction, a quant à lui totalisé 10,7 millions d’euros avec pour star Le Toit du monde (1926) de René Magritte, une toile disputée jusqu’à 2,6 millions d’euros.
Les deux auctionneers anglo-saxons n’ont pas été les seuls à accorder leurs violons avec ceux de la Fiac, sous des formats thématiques, généralistes ou attachés à des collections. Plusieurs sociétés de ventes à Drouot avaient opté pour la même stratégie, avec des prix bien entendu plus raisonnables : Leclere, Digard Auction, Art Valorem ou Aguttes, pour un total global (art moderne et art contemporain uniquement) autour de 4,5 millions d’euros.
Parmi les succès figure la collection d’un amateur de la Figuration narrative et libre, présentée par Maître Digard : 100 % de lots vendus pour un total de 2,1 millions d’euros (estimation 700 000-900 000 €). À noter, un nouveau record du monde pour Gérard Schlosser et sa toile Il n’y a pas beaucoup de monde aujourd’hui (1970), pour laquelle le marteau est tombé à 136 500 euros, près de quatre fois l’estimation. « C’était un vrai regard, une vraie collection, comme nous les apprécions à l’étude. Et cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu sur le marché un ensemble aussi complet autour de la Figuration libre et narrative. Nous avons été débordés de demandes, du Japon à l’Italie en passant par l’Espagne », indique Maître Digard.
Que conclure alors de cette semaine de haut vol ? Tout d’abord, que les acteurs du marché ont été bien inspirés de concentrer leurs ventes au moment de la Fiac, créant ainsi un cercle vertueux. « Les collections très importantes sorties à Paris plutôt qu’à Londres cet automne ont poussé les collectionneurs étrangers à venir en France, relève Maître Digard. À Drouot, un collectionneur m’a significativement fait savoir qu’il avaitcette année préféré la Fiac à Frieze parce que les maisons de ventes avaient choisi de donner la main à la foire. » Un signe qui pourrait faire taire les habituels pessimistes au sujet du marché français ? « J’imagine que Paris va redevenir une place très importante pour l’art impressionniste, moderne et contemporain, compte tenu de la fermeture des frontières anglaises et du volontarisme de notre président. Cela permettra de faire revenir les collectionneurs du monde entier dans cette capitale qui fait rêver », veut croire cette optimiste.
Toutes les estimations sont indiquées hors frais, les résultats, frais compris.
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Une semaine d’enchères records
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°488 du 3 novembre 2017, avec le titre suivant : Une semaine d’enchères records