Quelques jours avant l’ouverture de la Biennale dont le dîner de gala a réuni jeudi soir plus de 1 000 convives, Dominique Chevalier avait accordé un entretien au Journal des Arts.
Comment abordez-vous cette Biennale après tous les rebondissements qu’elle a connus ces derniers mois ?
Ma nature première est l’optimisme. Je considère qu’il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions. Malgré un contexte parfois un peu compliqué, nous sommes néanmoins parvenus à rassembler 124 galeries dont 40 % d’étrangères et à faire venir des œuvres du Musée de l’Ermitage [Saint-Pétersbourg]. C’était un véritable challenge de les faire quitter la Russie ! Bien sûr, différentes problématiques sont apparues dans le monde de l’art depuis le mois de juin, et nous y avons répondu. Mais cette édition 2016 n’en sera pas moins une très belle Biennale qui devrait en marquer le renouveau.
Pourquoi a-t-il été décidé que les galeries Kraemer et Aaron ne participent pas à la Biennale ?
Notre devoir en tant que syndicat est de protéger la profession ainsi que l’événement que nous organisons. Cela a été cornélien, d’autant que ce sont des amis, mais nous ne devions pas faire preuve de faiblesse. Il fallait un acte fort, une décision qui ne soit pas une demi-mesure – il s’agit d’objets provenant de Versailles… [lire le JdA no 460, 24 juin 2016]. La décision du conseil d’administration est un signe très important donné aux collectionneurs du monde entier pour les rassurer, mais aussi aux conservateurs, aux pouvoirs publics et à l’ensemble de notre profession. Maintenir ces galeries aurait perturbé la manifestation, détourné l’attention et le propos de la Biennale.
Par ailleurs, nous nous sommes portés partie civile afin d’avoir connaissance du dossier car nous considérons que cette affaire pourrait porter préjudice à la profession, même si cette problématique peut être l’occasion d’une réflexion et d’une meilleure communication autour de la procédure de la CAO (Commission d’admission des œuvres, lire l’encadré p. 27).
Pourquoi les joailliers de la place Vendôme ne sont-ils pas présents à la Biennale ? Ils disent avoir été exclus.
Tout d’abord nous n’avons exclu personne.
Le nouveau conseil a été élu pour plusieurs raisons : pour annualiser la Biennale ; pour augmenter le nombre d’antiquaires ; pour que la place de la haute joaillerie, par ailleurs nécessaire, soit repensée et plus équilibrée. Dès janvier 2015, j’ai rencontré les directions de toutes les maisons pour leur annoncer nos intentions et notamment l’évolution de nos tarifs. Après un audit de l’ensemble de la Biennale, nous avions ainsi noté que la construction des stands de la haute joaillerie demandait une sécurité plus importante, de l’air conditionné ainsi qu’un jour et demi de location supplémentaire du Grand Palais. Dès lors, nous n’avions d’autre choix que de répercuter ces surcoûts auprès de la haute joaillerie. Les tarifs 2016 sont donc passés à 3 500 euros le mètre carré, contre 2 750 euros il y a deux ans. Mais la discussion restait ouverte.
Par ailleurs, tout comme l’ensemble des antiquaires, les joailliers ne pouvaient plus disposer de surface supérieure à 140 m2. Auparavant, certaines maisons bénéficiaient de 250 m2 ! Cartier a alors fait le choix de ne pas maintenir sa participation et d’autres maisons ont, dès lors, souhaité également annuler leur venue. Nous comprenons fort bien que ce cahier des charges ait été perçu comme étant plus contraignant. Nous étions cependant prêts à en parler avec les maisons (ce que nous avons fait avec certaines), et nous aurions été très heureux de pouvoir poursuivre ces collaborations. Cela n’a pu se faire et nous le regrettons car toutes ces grandes maisons ont aussi contribué au succès de la Biennale. De notre côté, le dialogue reste ouvert et nous souhaitons le reprendre au plus vite. Cependant, la taille des stands demeurera plafonnée à 140 m2 pour tous les exposants.
Un quotidien a évoqué le chiffre de 8 millions d’euros comme manque à gagner du fait de l’absence des joailliers. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
J’avoue ne pas très bien comprendre ce chiffre (ni savoir d’où il sort), car si une baisse de revenus devrait certes être sensible, de nombreux antiquaires et de nouvelles maisons de haute joaillerie ont rejoint la Biennale cette année.
Quel sera le nouveau nom de la Biennale qui devient annuelle en 2017 ?
Le nouveau nom devrait être dévoilé à la fin de cette édition ou dans les semaines qui suivent mais rien n’est arrêté. Au conseil, nous sommes très attachés au nom de « Biennale ». Le challenge est intéressant car il faut introduire l’annualisation sans pour autant abandonner l’ADN de l’événement que tout le monde connaît sous la marque « Biennale » depuis 1962. Cela dit, le « Paris-Dakar » continue de s’appeler ainsi alors qu’il a lieu depuis plusieurs années en Argentine !
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Dominique Chevalier : « Même si cela n’a pas été facile, la Biennale sera belle »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°462 du 2 septembre 2016, avec le titre suivant : Dominique Chevalier : « Même si cela n’a pas été facile, la Biennale sera belle »