Artcurial reprend provisoirement la tête des 10 premiers opérateurs en France dont le total des adjudications a baissé de près de 4 % par rapport à 2015.
Le chiffre d’affaires total des dix premières maisons de ventes aux enchères françaises a baissé de près de 4 % au premier semestre 2016. La moitié des opérateurs voient leur CA baisser ou stagner quand d’autres tirent leur épingle du jeu, à l’instar de Binoche et Giquello ou d’Ader. Drouot se stabilise à 192 millions d’euros, semblant avoir digéré le départ des gros opérateurs tels que Piasa ou Cornette de Saint Cyr.
Artcurial ravit la première place du Top 10 à Christie’s avec 122,5 millions d’euros, soit une progression de 6 % par rapport au premier semestre 2015, « grâce à une sélection plus accrue et moins d’objets modestes », explique François Tajan, président d’Artcurial. Cependant, contrairement à Sotheby’s et Christie’s, Artcurial ajoute la TVA. En l’excluant – ce qui ne change rien au classement –, son chiffre d’affaires avoisine plutôt 117,5 millions d’euros. La croissance de la maison de ventes pour ce semestre est notamment tirée par les tableaux anciens ( 55 %) et les tableaux modernes ( 50 %). Les arts classiques représentent 14 % du chiffre d’affaires, soit 17 millions d’euros, tandis que les arts du XXe siècle totalisent 34,3 millions et qu’Artcurial Motorcars génère 57,5 millions d’euros, soit près de la moitié du chiffre total. C’est d’ailleurs une Ferrari de 1957 qui remporte la palme de la plus haute enchère en France ce semestre, adjugée 32 millions d’euros en février. Un connaisseur du marché remarque : « La configuration du classement serait différente si Sotheby’s et Christie’s Paris avaient elles aussi leur département automobile. » Mais l'automobile est devenu un marché difficile à pénétrer. « Tant pis pour ceux qui n’ont pas un tel département. On a le mérite de s’y être intéressé depuis toujours. C’est un pan du marché qui n’est pas en marge car il intègre les notions de rareté, luxe et excellence. Si on écarte ce segment, alors pourquoi ne pas le faire aussi pour le vin ou les bijoux ? », s’insurge François Tajan. Poursuivant : « Faire abstraction de ce marché, ce serait nier le comportement d’un certain nombre de collectionneurs qui peuvent tout autant s’acheter un tableau de maître qu’une voiture de collection. »
Si c’est une automobile qui domine le marché français en ce début d’année, la deuxième plus haute enchère du semestre n’a pas été obtenue à Paris où sont rassemblés les plus grands opérateurs, mais en province à Bordeaux, chez Briscadieu. Trois Bouddha chinois de la dynastie Ming y ont été vendus pour 6,2 millions d’euros.
50 % pour Binoche et Giquello
Christie’s figure en deuxième position, avec un CA de 112 millions d’euros, soit une baisse de 9 % par rapport à l’an dernier. Heureusement pour elle, la maison de François Pinault a dispersé la collection Marcie-Rivière, qui a réalisé 32,5 millions d’euros. La vente de Man in Blue VII, une toile de Francis Bacon, à 6 millions d’euros, n’est pas étrangère à ce score qui vient par là même doper le département d’art contemporain de la maison, lequel en devient leader avec 32,9 millions d’euros.
Troisième sur le podium, Sotheby’s perd une place avec un résultat de 107 millions d’euros (-8 %). Aguttes, en 4e position, baisse de 26,6 %. Il est vrai que l'année 2015 avait été exceptionnelle, deux œuvres de Sanyu ayant rapporté plus de 8 millions d’euros. Nouveau venu dans le classement, Ader totalise 12 millions d’euros grâce à quatre ventes consacrées aux tableaux modernes. Mais l’entrée la plus éclatante est celle de Binoche et Giquello avec un chiffre de 13,2 millions d’euros, soit une hausse de plus de 50 %. L’explication réside dans des ventes telles celles de la collection Vanden Avenne d’art précolombien ou de la bibliothèque R. & B.L. Dada ; cette dernière, menée en collaboration avec Sotheby’s, a réalisé 5,7 millions. C’est aussi cette maison qui a décroché la plus haute enchère au sein de Drouot ce semestre avec Le Baiser, de Rodin, adjugé 2,2 millions d’euros.
Drouot, justement, après avoir chuté au premier semestre 2015, passant de 221 millions d’euros à 192 millions, se stabilise malgré les départs successifs de Tajan, Piasa et Cornette de Saint Cyr. L’hôtel des ventes s’est remis en marche : nocturnes, mise en place d’un vetting, [comité de sélection], arrivée de nouveaux et jeunes opérateurs… Cependant, le regroupement des commissaires-priseurs, que beaucoup d’observateurs du marché préconisent afin de contenir les maisons de ventes anglo-saxonnes, n’est pas d’actualité. « Se regrouper, je ne pense pas que ce soit réalisable ; il faut continuer à faire des actions communes de promotion autour de thématiques et de grands moments. Se regrouper, ce n’est pas ce qui va permettre aux commissaires-priseurs de remporter des lots face à la concurrence. Il faut garder la diversité de l’offre et la quantité de lots propre à Drouot », explique Cécile Bernard, directrice du développement du groupe (qui rejoindra Sotheby’s en septembre). Des actions communes donc. « Je me bats avec les commissaires-priseurs pour avoir un fichier commun », affirme Olivier Lange, directeur général de Drouot. Les dirigeants de la société commencent aussi à regarder du côté de l’étranger : « Il faudrait des plates-formes relais. Nous y travaillons », confie Olivier Lange.
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Le marché français se tasse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°461 du 8 juillet 2016, avec le titre suivant : Le marché français se tasse