La jeunesse et l’audace signent Photo London 2016. Pour sa deuxième édition, elle soutient sa scène nationale avec succès tout en tenant le pari de l’international.
LONDRES - Une nouvelle fois la scène culturelle et artistique anglaise a prouvé son attachement à Photo London. Et inversement, elle a été largement montrée dans cette deuxième édition, y compris par les galeries internationales sélectionnées, de Martin Parr chez Rose Gallery (Santa Monica) à Julian Germain présenté par In Camera (Paris). On le sait, les institutions britanniques publiques ou privées soutiennent leurs artistes. L’exposition Don Mc Cullin produite par Hamiltons (Londres) en a été un autre exemple éclatant. Nombre de stands faisaient par ailleurs écho à ce que l’on pouvait voir en matière d’expositions de photographie actuellement à Londres. Tels « Strange and Familiar : Britain as Revealed By Photographer » organisée par Martin Parr au Barbican ou William Fox Talbot au Science Museum.
Une sélection pointue
La présence renforcée – et de très grande qualité – des galeries spécialisée dans le XIXe, est d’ailleurs un autre des faits marquants de cette édition. Pour sa première participation, Hans P. Krauss (New York) a présenté plusieurs pièces d’exception dont la version verticale de La Vague brisée. Mer Méditerranée de Gustave Le Gray (1853, 380 000 $), et un Maidenhair Fern de Fox Talbot (1839, 450 000 $), l’une des pièces les plus chères de la foire. Le galeriste rappelle que « Londres a toujours été une place importante pour la photographie XIXe soutenue dès ses débuts. Son marché international a commencé ici. » Les ventes ou promesses d’achat ont donc été au rendez-vous. Présentes déjà l’an dernier, les trois galeries londoniennes James Hyman, Robert Hershkowitz ou Roland Belgrave Vintage Photography l’attestent aussi cette année.
Le parterre consolidé de galeries françaises, et celui élargi des enseignes américaines, montre ce que les galeristes espèrent développer sur ce marché en matière de photographie moderne et contemporaine encore balbutiant en Angleterre. Certaines sont venues, là encore, avec des pièces d’exception. Pour marquer son arrivée à Photo London, Daniel Blau (Munich) comme à son habitude a livré des morceaux de choix, tel le Besetzungen 1969 d’Anselm Kiefer (72 000 €), tandis que Robert Klein (Boston) exposait dans un recoin un des cinq vintages exceptionnels de Francesca Woodman en sa possession (95 000 $) et que Steven Kasher (New York) présentait la première édition de Ingres and Other Parables de John Baldessari (150 000 $).
La montée en gamme de Photo London dans ses propositions, s’est d’autre part matérialisée dans d’autres stands comme celui de Taka Ishii, qui tranchait avec les propositions sans prises de risque de son voisin Thomas Zander, aux choix vus et revus – en particulier pour la série « Studio 54 » de Tod Papageorge sur les clubs new-yorkais durant les années 1970, présentée à Paris Photo 2014. Les choix de Christophe Gaillard avec le duo Hannah Whitaker et Pierre Molinier, ou ceux de Bernard Utudjian de la Galerie Polaris (Paris), qui revenait pour la deuxième fois ont provoqué des rencontres avec des institutions londoniennes, mais aussi de Liverpool, Glasgow, Bristol…, ce qui ne fut pas le cas pour Polaris l’an dernier.
Des audaces récompensées
Venir sans chercher à présumer des goûts d’outre-Manche, mais avec les artistes de la galerie soutenus dans la durée, a suscité intérêts, ventes ou promesses d’achat. Ce fut le cas en particulier pour les enseignes parisiennes In Camera, Les Filles du Calvaire, Caroline Smulders, la galerie Particulière ou Dix9 d’Hélène Lacharmoise. Certains partis pris ont trouvé preneurs dès le premier jour du côté de la très référencée galerie anversoise Fifty One, notamment auprès de Simon Baker de la Tate Modern pour Bruno V. Roels, mais aussi de la galerie italienne Paci Contemporary avec Leslie Krims. Heinzer Reszler de Lausanne avec Mirko Baselgia, Mathieu Bernard-Reymond, Simon Robert et Thibault Brunet a tout autant été remarqué. Le Photo London John Kobal Résidency Award 2016 attribué à un des artistes exposés à la foire a récompensé en particulier pour sa deuxième édition le jeune Français Thibault Brunet. Une première participation à une foire photo couronnée de succès qui réjouit Heinzer Reszler.
Passer d’un stand à un autre révélait toutefois encore de grandes disparités en terme de qualité de contenus. Par exemple, beaucoup trop de grands tirages modernes d’auteurs reconnus, pourtant bien meilleurs dans des tirages plus modestes – à commencer par Don McCullin. Le déploiement dans les espaces de Somerset House a permis tout de même de réduire les télescopages malheureux, mais pas de donner à tous la même visibilité. En témoigne cette année The Annex, nom malheureux et mal compris par les visiteurs, donné à une partie de l’aile ouest du bâtiment, située en dehors du circuit. Créée dans la dernière ligne droite du montage du salon pour accueillir quatre galeries dont Polka et Heinzer Reszler, The Annex accusa les deux premiers jours une entrée de visiteurs digne des mauvais jours.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Photo London prend du galon
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°458 du 27 mai 2016, avec le titre suivant : Photo London prend du galon