La foire d’art contemporain a amorcé un virage attendu, avec une sectorisation bienvenue des exposants. Sa fréquentation a cependant pâti des attentats de novembre à Paris.
STRASBOURG - Pour ses 20 ans, St-Art se trouve-t-elle à un tournant ? C’est la conviction de l’organisateur GL Event, entré au capital de Strasbourg Événements l’an dernier, qui a fait de l’ex-galeriste Patricia Houg son bras armé. Le virage était nécessaire pour cette foire très hétérogène qui avait perdu récemment plusieurs de ses exposants historiques.
De fait, quelques changements ont bel et bien été impulsés. La circulation des visiteurs a été modifiée, avec une nouvelle entrée et des allées élargies, tandis que les services proposés aux visiteurs et exposants ont été développés, deux bons points. « L’événement, qui pouvait être identifié comme foire de province, a aujourd’hui gagné en niveau et en professionnalisme », indique Thierry Lacan de la galerie L’Estampe (Strasbourg).
Une sectorisation salutaire
La lisibilité des stands, regroupés par médium, a également été revue. La Maison européenne de la photographie (Paris), qui présentait en avant-première des œuvres de l’exposition « Bettina Rheims », était la figure de proue d’un petit secteur photo. Les photographies de studio de Malick Sidibé et Seydou Keïta étaient proposées chez Maxanart (La Bastide-Clairence) en parallèle du travail sur les contrôles d’identité par le photojournaliste Ed Kashi, présenté sur le stand d’Anastasia Gallery (New York).
Étaient également rassemblés les éditeurs, parmi lesquels l’alsacien Bucciali (Colmar) qui avait sélectionné des aquatintes de Raymond Waydelich ou des monotypes de Christine Colin.
Un noyau de galeries exposait des artistes historiques : Oscar Gauthier ou Wladyslaw Lopuszniak étaient ainsi visibles sur le stand fort peu flatteur de la Galerie Arnoux (Paris) ; Hans Hartung ou Gaston Chaissac, avec pour ce dernier un beau totem des années 1960 (proposé à 80 000 euros), étaient présentés chez Najuma (Marseille). Il fallait voir encore le stand de Jordan/Seydoux (Berlin), confrontant François Morellet, Mamadou Cissé et Nanne Meyer, l’espace de Guy Pieters (Knokke-le-Zoute), revenu cette année, qui dévoilait notamment des études préparatoires de Christo, ou celui de Federico Rui (Milan), qui montrait les peintures de Luca Conca.
Ici comme ailleurs, la fréquentation a été handicapée cette année par les attentats de Paris : 24 000 visiteurs ont été dénombrés contre 26 000 en 2014. « Il y avait beaucoup moins de monde. On a presque vu moitié moins de collectionneurs », concède une galerie. Les affaires semblent pourtant s’être maintenues, bon an mal an. « Mon chiffre d’affaires est moins bon que l’an dernier. J’ai vendu des pièces de Georges Rousse, Georg Baselitz, Aurélie Nemours, mais peu de jeunes artistes. Le public vient chercher des valeurs sûres », indique la galeriste Geneviève Mathieu (Lyon). « Il n’y avait pas beaucoup de nouveaux clients, mais la baisse de fréquentation ne s’est pas tellement traduite dans les ventes », tempère-t-on à la galerie L’Estampe, qui a notamment cédé trois caissons de Robert Combas à 3 000 euros pièce. Chez Guy Pieters, Niki de Saint Phalle a remporté un beau succès ; chez Berthéas-Les Tournesols (Saint-Étienne), ce sont les œuvres de C215 ou de Speedy Graphito qui ont été principalement vendues.
L’édition 2016 devrait voir se concrétiser des changements plus tangibles. Michel Nuridsany, conseiller de la foire, déclarait à son ouverture : « Strasbourg doit avoir une foire européenne, il faut foncer dans cette voie », une voie peu explorée malgré une situation géographique favorable. Mais le salut viendra d’une hausse générale de la qualité des galeries, un pas qui pourrait être franchi l’an prochain avec l’accueil souhaité de nouveaux membres dans le comité de sélection.
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St-Art bénéficie d’un léger lifting
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°447 du 11 décembre 2015, avec le titre suivant : St-Art bénéficie d’un léger lifting