ENTRETIEN

Katie de Tilly : « Cela coûte cher d’être ici »

Directrice de la galerie 10 Chancery Lane et coprésidente de la Hong Kong Art Gallery Association

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 4 juin 2014 - 506 mots

Comment définiriez-vous la situation de Hongkong en tant que scène culturelle et place marchande ?
Cela grossit rapidement. Quand j’ai ouvert la galerie en 2001, on recensait peut-être moins de dix galeries ; aujourd’hui l’association [qui regroupe les galeries hongkongaises] compte quarante-neuf membres, ce qui constitue un énorme accroissement. Hongkong est une ville très internationale qui bénéficie de taxes avantageuses et elle est un véritable point de connexion avec beaucoup d’autres endroits en Asie, c’est donc probablement une place qui va encore croître. Ce sont les ventes aux enchères qui ont initialement attiré l’attention d’un public international, mais il y a dorénavant plus de collectionneurs sérieux qui regardent les choses en profondeur et développent des collections fondées sur la production de la région Asie-Pacifique.

Quelles sont selon vous les raisons de la croissance du nombre de galeries et du développement de la scène artistique ?

Cela est vraiment venu des résultats des ventes aux enchères qui ont rendu beaucoup de gens curieux et intéressés par le développement de l’Asie, mais il y a en même temps un mouvement en ville. Traditionnellement, Hongkong a mis beaucoup d’emphase dans le soutien aux arts de son temps, mais la vitesse supérieure vient d’être passée. Le musée M est en construction et, juste à côté d’ici, l’ancienne Central Police Station [commissariat de police] devrait être reconvertie en centre d’art. La Ville fait un effort, les galeries font un gros effort également, cela génère du mouvement.

Si ce développement a été impulsé par les ventes publiques, ne craignez-vous pas que le phénomène soit plus financier qu’artistique ?

Je tiens une galerie depuis maintenant quinze ans, et je peux vous dire que ce n’est pas une décision particulièrement bonne en termes d’affaires que d’en ouvrir une. C’est un business passionné et engagé, particulièrement dans une ville comme Hongkong où les loyers sont très élevés. Il est dur pour de plus jeunes galeries de s’installer car elles montrent des artistes plus jeunes et moins chers, et sont donc soumises à beaucoup de pression. Les enchères ont en effet attiré l’attention, mais ce n’est pas parce que de nombreuses galeries se sont installées que c’est un succès total et que tout le monde gagne énormément d’argent, cela ne marche pas de cette façon.

Concernant les galeries étrangères, pensez-vous que leur installation à Hongkong soit très rentable pour elles ?
Ce n’est pas si simple que cela pour elles. Elles sont ici pour faire un investissement pour le futur, gagner des relations et entrer dans un processus d’éducation à l’art contemporain, tout en essayant de comprendre ce qu’est la région. Et cela leur coûte cher, même si elles vendent de grands noms.

Par rapport à l’Occident, la manière de collectionner est-elle ici différente ?
Non, je crois que c’est assez similaire. Évidemment les artistes ont des saveurs et des environnements sociaux différents, mais ce qu’ils produisent est relié à un contexte qui est pertinent pour eux. Il y a beaucoup d’opportunités de découvrir des choses ici, et je ne vois pas la manière de collectionner comme différente.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°415 du 6 juin 2014, avec le titre suivant : Katie de Tilly : « Cela coûte cher d’être ici »

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