Le musée britannique a rénové ses salles et repensé son accrochage selon un axe plus sociétal qu’historiographique.
LONDRES - Comme son nom l’indique, la Tate Britain entend proposer au visiteur, étranger ou local, une vision complète de l’art britannique depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours dont, selon la communication qui en est faite, « elle possède la plus grande collection au monde » (et ce n’est pas le Louvre et ses quelques tableaux qui la contredira).
Pour ce faire, la direction a procédé à la fois aux rénovations du bâtiment et au déploiement des œuvres. Ainsi, les neuf salles de la partie sud ont-elles été en partie reconstruites et renforcées, afin de pouvoir supporter les poids des sculptures, relativement absentes auparavant. De même, pour faciliter le parcours des visiteurs, l’entrée « historique » face à la Tamise a été rétablie comme entrée principale. À cela s’ajoute un escalier en colimaçon qui permet le passage entre les différents niveaux.
Accrochage éclectique
Mais c’est l’organisation du parcours avec une visée clairement pédagogique qui est au cœur de cette nouvelle présentation. À l’instar du Musée d’Orsay pour sa partie à Paris, la Tate cherche à donner une vision large et éclectique de l’art anglais depuis cinq cents ans. Ainsi, on trouve désormais, aux côtés des vedettes incontestées, des artistes moins connus mais qui font partie intégrante de l’art d’outre-Manche. La volonté des organisateurs est de rapprocher des œuvres habituellement distinguées par mouvement et par genre, créant ainsi des rencontres visuelles étonnantes (Gainsborough aux côtés de William Hogarth ou encore Lawrence Alma-Tadema et son – kitsch ? – victorien face au Walter Sickert). À la différence d’Orsay où, en dépit d’une cohabitation, les œuvres « estampillées » modernes sont séparées des autres, le choix répond ici, dans une optique cultural studies, à une vision plus sociétale de l’art.
Le résultat de ce mariage est réussi pour l’art ancien, laissant voir clairement sa spécificité dans un pays où très tôt la commande religieuse devient rare. Il se révèle, en revanche, moins convaincant pour l’art du XXe siècle où l’hybridation fait un peu désordre et les mises en regard deviennent plus hasardeuses. Une consolation toutefois : l’un des deux artistes auxquels la Tate va consacrer une salle entière, comme il le fait déjà pour Turner, est Henry Moore (l’autre étant l’artiste visionnaire William Blake).
L’inauguration de lieux spécifiques à l’accueil des scolaires va compléter cet effort louable de transmission poursuivi par le musée anglais. Par ailleurs, la Tate lance une série d’expositions temporaires, les « BP Spotlight » qui vont se focaliser tantôt sur une œuvre (The Cornfield, de John Constable), tantôt sur des acquisitions. Gageons que ces expositions vont attirer un public qui, ces dernières années, s’est plutôt tourné vers la Tate Modern.
Millbanks, Londres, tél. 44 (0)20 7887 888, tlj 10h-18h, www.tate.org.uk
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La Tate Britain fait peau neuve
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Abonnez-vous dès 1 €Vue du nouvel accrochage « BP Walk through British Art », Tate Britain, à Londres. © Tate Britain
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°401 du 15 novembre 2013, avec le titre suivant : La Tate Britain fait peau neuve