Le conseil d’administration du Smithsonian a confirmé la démission de Richard Koshalek, directeur du Musée Hirschhorn à Washington, et l’abandon du projet de « bulle ».
WASHINGTON - Richard Kurin, le sous-secrétaire en charge de l’histoire, de l’art et de la culture du Smithsonian Institution, a confirmé le 5 juin dernier la démission de Richard Koshalek, directeur du Musée Hirshhorn de Washington depuis 2009. Désavoué sur le principal projet de son mandat, la construction d’une bulle temporaire qui couvrirait la plazza intérieure du musée pendant deux mois de l’année, ce dernier quittera ses fonctions dès le 29 juin, tout en gardant un rôle consultatif auprès du Smithsonian jusqu’à fin août. Richard Koshalek a dirigé pendant près de vingt ans le Musée d’art contemporain de Los Angeles. Il avait ensuite dirigé le Centre d’art de Pasadena, une école de design, mais son mandat n’avait pas été reconduit en raison de vives protestations suscitées par son projet d’extension de l’école dans un bâtiment conçu par l’architecte Frank Gehry, évalué à 150 millions de dollars.
Le projet phare de Koshalek au Hirshhorn avait initialement un budget bien plus modeste : 5 millions de dollars. La « structure saisonnière gonflable », très rapidement surnommée la bulle, projet conçu par le bureau d’études new-yorkais Diller Scofidio Renfro, a reçu le prix d’architecture progressiste du magazine Architect, publié par l’Institut américain d’architecture. Le projet a cependant rapidement connu des déconvenues : le budget a été réévalué à 15,5 millions de dollars, et été repoussé à trois reprises.
Une bulle qui se dégonfle
Le « Musée Hirshhorn et jardin de sculptures du Smithsonian », tel est son nom officiel, est situé à mi-chemin entre la Maison blanche et le Capitole, et dispose d’une collection de près de 12 000 œuvres, datant du XIXe siècle jusqu’à nos jours, avec une forte dominante dans l’art depuis l’après-guerre. Un des dix-neuf musées qui compose l’institution du Smithsonian, le Hirshhorn, dispose de peu de moyens financiers et n’a pas réussi à lever les fonds nécessaires à l’élaboration de la bulle, malgré une promesse de dons de 1 million de dollars par l’entreprise de média et conseil financier Bloomberg LP en 2010. Avec la réévaluation des coûts, le projet est devenu de plus en plus contesté, et deux membres du conseil d’administration ont démissionné l’année dernière.
En sus du problème de financement de la construction, des doutes ont progressivement surgi sur la viabilité du projet. Un rapport, présenté au conseil d’administration du Musée Hirshhorn le 23 mai dernier, avait révélé que la bulle fonctionnerait à perte, en prenant en compte les coûts d’installation, de désinstallation, et de stockage. Suite à ce rapport, un vote du conseil d’administration du musée avait abouti à une stricte égalité entre partisans et opposants du projet. C’est finalement le conseil d’administration du Smithsonian qui a tranché et marqué le coût d’arrêt du projet. « Sans avoir réuni les fonds nécessaires, nous ne pouvons pas entreprendre ce projet au moment même où nous faisons face à des défis financiers qui affectent le Smithsonian dans son intégralité » a justifié Wayne Clough, le Secrétaire général du Smithsonian, dans un communiqué de presse. Une partie des collections du Hirshhorn est actuellement fermée au public depuis le 1er mai jusqu’au 30 septembre, en raison du séquestre financier, suite au manque d’accord sur le budget fiscal entre Républicains et Démocrates. Du côté des réactions dans la presse américaine, le projet divisait, parfois au sein même d’une rédaction. Blake Gopnik, critique d’art au Washington Post, avait émis dès 2009 des doutes sur l’opportunité du projet, craignant qu’il ne détourne le Hirshhorn de sa mission première : collectionner et exposer de l’art. Son collègue Philip Kennicott, craignant quant à lui l’abandon du projet, dénonçait un manque de vision de l’institution du Smithsonian. Le Secrétaire général du Smithsonian, Wayne Clough, est connu pour son aversion au risque, ajoute Kennicott, en rappelant l’épisode où celui-ci avait cédé aux pressions politiques lors d’une exposition consacrée à la portraiture gay et lesbienne à la National Portrait Gallery, en censurant une vidéo d’art de David Wojnarowicz jugée blasphématoire.
En attendant la nomination d’un nouveau directeur, Kerry Brougher, directeur adjoint du Hirshhorn, assurera l’intérim. Mission qu’il avait déjà accomplie de fin 2007 à début 2009 avant la nomination de Koshalek.
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Le directeur du Musée Hirshhorn démissionne
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°394 du 21 juin 2013, avec le titre suivant : Le directeur du Musée Hirshhorn démissionne