France

Le palmarès des maisons de ventes

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 5 septembre 2012 - 923 mots

À la moitié de l’année 2012, Sotheby’s décroche la première place, devant Artcurial qui repousse étonnament Christie’s au troisième rang.

PARIS - Au cours du premier trimestre 2011, la flambée des ventes d’objets chinois avait bousculé le classement des maisons françaises, propulsant deux SVV toulousaines à la 6e et 10e place. Le trimestre 2012 aura connu quelques belles enchères chinoises, sans pour autant que cela ne bouleverse les forces en présence. La physionomie du marché de l’art français connaît cependant des changements. Quoiqu’en recul d’un peu plus de 8 % par rapport à l’année passée, Sotheby’s conquiert la première marche d’un podium disputé par un même trio de tête, avec un chiffre d’affaires de 91,4 millions d’euros. Mais, ce qui est déroutant est de voir Christie’s reléguée à la 3e place avec 69,3 millions d’euros (en chute de près de 38 %), derrière Artcurial. Cette dernière s’enorgueillit de ses 73,4 millions d’euros et de sa croissance  de quasi 25 %, dans une période jugée difficile, sur fond de crise économique mondiale et d’élections nationales qui ont ralenti les transactions durant quelques semaines. Cela est d’autant plus surprenant que, hormis l’Italie, les autres places de marché de Christie’s en Europe ont connu une embellie ce semestre (Londres, la Suisse et même Amsterdam). Pour Christie’s France, il ne s’agit que d’une baisse artificielle, car la maison de ventes jongle avec les œuvres comme elle veut, ou plutôt comme elle peut.

La stratégie Christie’s
Et à y regarder de plus près, on se demande bien pourquoi une collection varoise de céramiques de Pablo Picasso de Madoura s’est retrouvée à la vente par Christie’s à Londres (les 25 et 26 juin pour 8 millions de livres sterling/10 millions d’euros) plutôt qu’à Paris. Rien ne justifiait une telle localisation : certainement pas les prix qui se sont avérés équivalents aux résultats obtenus sur le sol français pour des céramiques de Madoura signées Picasso ; sans compter le transport outre-Manche qui a dû occasionner des frais supplémentaires. Interrogé sur la logique de cette curieuse stratégie, François de Ricqlès, président de Christie’s France, nous a tout simplement répondu : « le vendeur qui est historiquement lié à Christie’s Londres depuis dix ans, ne nous a pas contactés ». Cela en dit long sur la stratégie du groupe. « Mais nous avons gardé le Mahzor enluminé [manuscrit hébraïque] qui s’est présenté à nous à Paris, lequel a été adjugé le 11 mai au prix record de 1,8 millions d’euros », défend le patron de Christie’s France qui admet que la filiale française qu’il dirige « manque de soutien international, contrairement à notre concurrent ». Guillaume Cerutti, PDG de Sotheby’s France semble en effet rencontrer moins de difficultés à conserver les ventes de collections dans sa salle parisienne, voire à faire venir des ensembles de l’étranger, d’autant qu’il a autorité sur les filiales de Sotheby’s en Italie et au Benelux. Quant à la belle progression d’Artcurial, elle s’explique à la fois par la bonne fortune de la vente d’automobiles de collection (14 millions d’euros, le 3 février au salon Rétromobile) et aussi par de résultats solides dans nombre de spécialités (Art moderne et contemporain, design et Art déco, orientalisme, bandes dessinées), l’apport de ses filiales de province (Deauville, Lyon et Toulouse) n’étant que de 3,4 millions d’euros. Celle qui aime se faire appeler « la première maison de ventes française » par opposition au statut international des deux auctioneers, ne serait-elle pas en train de grignoter des parts de marché à Drouot ? L’hôtel des ventes parisien accuse en effet un tassement de son activité de ventes, de l’ordre de 13 %. Aucune grande collection n’est venue enrichir la programmation de Drouot, à l’instar de l’ancienne collection Paul-Louis Weiller en avril 2011 (23 millions d’euros, SVV Gros & Delettrez). Notons tout de même qu’un album impérial peint à l’encre de couleurs sur soie, d’époque Qianlong (1736-1795), s’y est envolé à 7,8 millions d’euros, le 12 juin dernier (SVV Joron-Derem). C’est la plus haute enchère en France au 1er semestre. De la 4e à la 10e place, on retrouve les protagonistes habituels. La SVV Pierre Bergé n’obtient que la 11e place avec 11,7 millions d’euros, malgré le rapatriement de ses activités belges à Paris. Enfin signalons que Piasa (7e avec 16 millions d’euros) n’a pas vraiment brillé ce semestre, après un semestre 2011 assez désastreux. N’ayant pas réussi à insuffler une nouvelle dynamique à la maison de ventes, les actionnaires réunis dans la Financière Piasa (dont Jérôme Clément, l’actuel président de Piasa, Laurent Fabius, Serge Weinberg et Marc Ladreit de Lacharrière) réfléchiraient à se désengager de l’affaire en 2013.

Droit de réponse de Jérôme Clément président du conseil d’administration de PIASA

Publié le 28 septembre 2012

En réponse à la publication tout d’abord de l’article de Madame Armelle Malvoisin « Le palmarès des maisons de ventes » (lire ci-dessus) paru dans le Journal des Arts N°374 en date du 7 septembre dernier, et d’un second article de Madame Anouk Rijpma sur le site LeJournaldesArts.fr le 27 septembre dernier , nous souhaitons apporter un démenti formel sur la supposée volonté des principaux actionnaires réunis au sein de La Financière PIASA de « se désengager de l’affaire en 2013 ».

Bien au contraire, PIASA entend poursuivre son développement et tenir dans l’avenir toute sa place sur le marché de l’art. PIASA se fixe d’ailleurs de nouveaux challenges pour les années à venir et vient d’annoncer le recrutement et l’arrivée de Fréderic Chambre. En charge du développement, il renforce ainsi l’équipe composée d’Henri-Pierre Teissèdre, Delphine de Courtry et James Fattori.

Par ailleurs, contrairement à ce qui a été indiqué dans le premier article, les actions que Laurent Fabius détient chez PIASA sont, depuis qu’il a été nommé ministre des Affaires Etrangères, conformément à la réglementation, gérés par un mandataire.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°374 du 7 septembre 2012, avec le titre suivant : Le palmarès des maisons de ventes

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