La jeune ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, incarne le renouveau du gouvernement Ayrault.
PARIS - Aurélie Filippetti n’est ni la première, ni sans doute la dernière ministre de la Culture et de la Communication à occuper un poste dont ce n’est pas la spécialité. Philippe Douste-Blazy, Catherine Trautmann et Renaud Donnedieu de Vabres, pour ne citer que quelques récents occupants de la rue de Valois, devaient davantage leur nomination à leur parcours politique qu’à leur maîtrise des dossiers de la culture. Frédéric Mitterrand ne s’est pas privé de rappeler lors de la passation des pouvoirs, que le principal mérite de la nouvelle ministre réside « dans son empathie pour le monde de la culture » et subsidiairement, d’être l’auteur de deux romans. Un compliment doux-amer auquel Aurélie Filippetti a répondu en limitant son éloge du ministre sortant à rappeler simplement qu’il avait été ministre de la Culture ! L’histoire retiendra cependant l’émotion authentique qui submergeait la nouvelle ministre lors de son discours au personnel de la rue de Valois. Il y a de quoi être émue en effet. À bientôt 39 ans, Aurélie Filippetti est l’une des plus jeunes ministres du gouvernement Ayrault. Normalienne (Fontenay-Saint-Cloud), agrégée de lettres classiques, elle commence une carrière dans l’enseignement avant de s’engager très vite dans la politique, au sein du mouvement des Verts et entre au cabinet d’Yves Cochet, alors ministre de l’Environnement dans le gouvernement Jospin
(2001-2002). Dans le même temps, elle est élue conseillère municipale dans le 5e arrondissement de Paris et quitte cependant les Verts en 2006 pour le parti socialiste, remportant de justesse un siège de député en Moselle. Cela lui vaut d’être remarquée par Ségolène Royal qui l’intègre dans son équipe de campagne, puis elle entre au secrétariat du PS pour s’occuper de l’Énergie. Membre de la commission des finances de l’Assemblée nationale, c’est une députée très investie qui couvre tout le spectre de la vie publique. Elle est l’auteur d’un rapport parlementaire sur les jeux d’argent en ligne, et a posé 126 questions de toutes natures au Gouvernement, dont six concernaient la culture. L’une de ses interpellations questionnait la pertinence du Conseil pour la création artistique. Elle a également cosigné trente et une propositions de loi, mais aucune sur la culture. C’est donc une surprise lorsqu’elle intègre l’équipe de campagne de François Hollande, pour prendre en charge la culture et la communication. On l’a surtout entendue s’exprimer sur la nécessité de « supprimer », puis « remplacer » Hadopi, sans que la position de François Hollande, soit très claire entre le téléchargement gratuit et la rémunération des auteurs. D’ailleurs, la première mesure annoncée concerne précisément le financement de la création qu’elle entend faire débattre lors d’états généraux. Pour le mois qui vient, elle va devoir aussi partager son temps entre Paris et Metz afin de remporter la bataille législative dans sa circonscription, et rester ainsi au Gouvernement.
Elle pourra cependant s’appuyer sur sa nouvelle directrice de cabinet, Laurence Engel, pour piloter son ministère. Énarque, cette dernière connaît la rue de Valois pour y avoir été conseillère à l’époque de Catherine Tasca, puis avoir fait ses armes dans l’administration de la culture dans la gigantesque direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris de 2008 à 2012. Un savoir-faire technique qui ne lui sera pas inutile à l’heure d’une réduction du nombre des conseillers prévue alors que les dossiers à gérer n’ont jamais été aussi nombreux.
Aurélie Filippetti pourra compter sur une ressource précieuse en la personne du nouveau conseiller Culture et Communication au cabinet de François Hollande à l’Élysée. David Kessler, normalien, agrégé de philosophie, énarque, est un spécialiste de l’audiovisuel pour avoir été directeur délégué à France 2, directeur général du CSA, et directeur de France Culture de 2005 à 2008. Auparavant, Lionel Jospin alors Premier ministre, l’avait appelé à son cabinet à Matignon pour le conseiller en la matière. Proche de Bertrand Delanoë dont il a été le conseiller Culture et Éducation à la mairie de Paris de 2009 à 2011, il a fait un cours passage dans le privé à la direction du magazine Les Inrockuptibles (lire le Journal des arts, du 16 décembre 2011). Cela tombe à point nommé, car il va devoir s’immerger en priorité dans la quasi-faillite de Presstalis (ex NMPP) dont le dépôt de bilan aurait des conséquences désastreuses pour la distribution de la presse.
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Aurélie Filippetti, une « politique »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°370 du 25 mai 2012, avec le titre suivant : Aurélie Filippetti, une « politique »