Ça commence très fort ! Dans la première claire et vaste salle, trois excavations peu profondes aux contours géométriques découpés au cordeau apparaissent au ras du sol.
Pièges ? Tombes ? Ouvertures vers d’autres mondes difficilement défrichables ? À l’intérieur de ces trous tapissés d’asphalte brut, de cuivre roux ou de bois clair, sont disposés divers objets hétérogènes (gants, éclats de miroir, boîtes…) « Depuis quarante ans, Laura Lamiel compose des paysages abstraits, en apparence minimalistes, qui déjouent, de toutes les manières possibles, notre perception du réel », résume Marie Cozette, commissaire de l’exposition et nouvelle directrice du Centre régional d’art contemporain. La suite de l’exposition propose au visiteur des relations aux « réels » très variées, mais qui ne nous sont pas apparues toujours aussi pertinentes. L’artiste a bien sûr tous les droits, y compris celui d’inventer sa propre date de naissance : Laura Lamiel est née en 1948. Et le spectateur est libre de déambuler dans l’exposition en appréciant plus ou moins chaque proposition. Pour notre part, nous avons trouvé les trois premières salles de l’exposition remarquables. Dans chacune, avec des moyens très différents, l’artiste immerge le spectateur dans un espace d’expérimentations sensorielles où les codes sont bouleversés, où illusions et « réalités » apparaissent en riches tensions. Mais la suite du parcours ne nous a pas toujours semblé à la hauteur du lever de rideau. Il est vrai que tenir sans faiblir sur 1 200 m2, soit la totalité des espaces d’exposition du Crac, n’est pas évident !
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Hautes et basses tensions de Laura Lamiel