Delacroix et l’aube de l’Orientalisme

Dans l’espace fraichement restauré de la Salle du Jeu de Paume, le domaine de Chantilly propose aux visiteurs d’explorer la naissance de ce mouvement majeur du XIXe siècle que fut l’Orientalisme.

Avec l’épopée égyptienne en 1798 de Bonaparte, les artistes européens vont brusquement accéder à une source d’inspiration nouvelle qui va influencer une génération entière. Empreint de mysticisme et de raffinement, l’orient attire au point que des Delacroix ou des Decamps se font voyageurs pour mieux le comprendre. Dans une France à peine sortie de la Révolution, des sujets tels que la guerre d’indépendance de la Grèce deviennent des hymnes à la liberté sous le pinceau des romantiques. Mais s’il est empreint d’exotisme et de liberté, le mouvement prendra parfois un tour plus martial avec un orientalisme militaire, conséquence des campagnes de colonisations de l’Algérie menées par Charles X puis Louis-Philippe.

À travers un parcours chronologique rassemblant 111 œuvres, c’est tout ce cheminement historique et artistique réparti en quatre thèmes que l’exposition propose au visiteur. Sous le commissariat de Nicole Garnier et Vincent Pomarède, « Delacroix et l’aube de l’Orientalisme » se compose de plusieurs œuvres phares du mouvement, comme Les pestiférés de Jaffa du baron Gros ou Le Parlementaire et le Médjèles d’Horace Vernet. Delacroix, artiste emblématique de la période sera bien sûr à l’honneur, même si l’exposition rappelle que les contemporains lui préféraient souvent Alexandre Gabriel Decamps ou Prosper Marilhat. Avec des œuvres telles que Cavalerie Turque asiatique franchissant un gué pour le premier et Vue de Lattaquié (Syrie) pour le second, le jeu de paume s’est employé à rendre aux deux hommes leur statut d’antan.