03 oct. - 07 jan. 12-13

Paris

Centre Pompidou - Musée national d'art moderne

Adel Abdessemed - Je suis innocent

Exposée à l’entrée du Centre Pompidou, Coup de tête annonce la couleur. Direct et brutal, « un artiste des actes », qui ne s’encombre pas de l’acceptable et du supportable, mais dont la puissance de signification va bien au-delà de ce qu’il paraît.

En partant de la simple anecdote du coup de boule de Zidane au joueur italien Mazeratti, Abdessemed nous livre une réflexion sur le mythe ; iconisant le personnage contemporain, dans la tradition sculpturale occidentale, et, simultanément, captant le moment précis de sa démystification. La chute du héros et l’humanité du mythe réunies en une sculpture de bronze noir qui, si elle illustre le fait divers contemporain, le projette aussi dans les fins fonds du mythe de l’histoire de l’art.

Le tracé est un des aspects essentiels de l’œuvre d’Abdessemed. Répétitif et graphique, il transforme en ornement et transcende le sujet. La violence ou l’étrangeté de ces Christ en barbelé ou encore de ces animaux naturalisés, se retrouvent alors transfigurés au rang d’objets esthétiques pour toujours mieux révéler leur signification (soit-elle multiple). Et si les carcasses d’avions pliées, les étoiles en cannabis ou les voitures en terre cuite d’Abdessemed ne semblent pas être liées par une unité formelle stable, elles trouvent leur unité dans un tout autre paradigme, celui de la mesure. En effet, « les dimensions du dessin d’Helikoptère sont calquées sur celles du Radeau de la Méduse de Géricault et celles du grand panneau Who’s afraid of the big bad wolf ? sur celles du Guernica de Pablo Picasso » et « la circonférence des cercles du Wall drawing calculée d’après la taille du corps humain, conformément au canon de la beauté vitruvien ». Plus qu’une simple unité formelle de mesure, Abdessemed procède à un mode d’identification du réel dérivé d’une conception analogique du monde ; créant ainsi une multitude de correspondances invisibles entre ses œuvres et dans l’histoire.

Pour « Je suis innocent », Philippe-Alain Michaud soulève la vision rétrospective d’Abdessemed de l’histoire à travers une vingtaine d’oeuvres qui fixent « l’intensité des puissances qui organisent et désorganisent le monde ». L’artiste, sans cesse tourné vers le champ de ruines du passé, s’affranchit du précepte d’originalité du génie kantien et du schéma traditionnellement progressiste de l’histoire de l’art, appelant ainsi à « une nouvelle prise en charge de l’historicité dans l’interprétation de ses pièces » et un déplacement de la fonction de l’artiste dans la réalisation de ses œuvres.

Informations pratiques
CENTRE POMPIDOU - MUSÉE NATIONAL D'ART MODERNE

Place Georges Pompidou
Paris 75004
Ile-de-France
France

Contact
+33 (0)1 44 78 12 33
SITE WEB
http://www.centrepompidou.fr

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