05 oct. - 03 mar. 12-13
Paris
MAM Paris
Exposition de la collection Michael Werner
Cinq mois durant, 900 œuvres de la collection du marchand d’art allemand Michael Werner – incluant les 127 peintures et sculptures léguées récemment par ce dernier au MAM – tapissent l’institution parisienne. Dévoilant une quarantaine d’artistes du XXe siècle sélectionnés sur des critères de goûts et d’affinités, le parcours invite ainsi à poser un regard rétrospectif et singulier sur la production picturale européenne de la deuxième moitié du siècle passé.
Constituée depuis les années 1960, la collection personnelle de Michael Werner réunie à ce jour dans l’enceinte du MAM, en dit long sur la personnalité et les goûts de son propriétaire. Original et exigeant sans nul doute, mais surtout visionnaire. Si le non conformisme s’instille au gré des sélections, aussi les goûts personnels de l’allemand l’emportent sur les tendances dominantes de l’époque. Ainsi, la collection dévoilée révèle un assemblage atypique, mêlant tout à la fois des œuvres restées dans l’ombre à d’autres plus emblématiques. Francis Gruber côtoie Henri Michaux qui à son tour fait de l’œil à Penck, James Lee Byars ou Raymond Hains, pour se frotter plus loin au Printemps (1942-43) et Nu de dos (1942-44) de Picabia et à l’avant-gardiste Yves Klein en quête perpétuelle d’immatériel.
« Je ne suis pas un homme religieux, mais cela ressemblait bien à une conversion religieuse», confiera le marchand d’art. Cet art, qui l’animera toute sa vie durant, il se révèle à lui au début des années 1960, dans la même institution qui le consacre aujourd’hui, devant les peintures de Fautrier, en compagnie de son ami Georg Baselitz. Ainsi, inaugure-t-il une première galerie baptisée « Werner et Katz » à Berlin en 1963, puis trois autres, dont une à Cologne cinq ans plus tard, New York en 1990 et prochainement, à Londres.
S’il s’éprend de parisiens – à l’image de Grande porte de bois peint (1953) de Gaston Chaissac et de Terre d’Espagne (1956) de Jean Fautrier – et tente de renouer avec la tradition des ruptures qu’incarnaient Artaud, Mallarmé, Rimbaud et Baudelaire, le marchand agrémente également sa collection de figures allemandes de l’après-guerre - comme en attestent Dithyrambe et poisson tranché (1965) de Markus Lupertz et la gouache sur papier de Sigmar Polke, Sans titre (1969) - dont la ferveur créatrice révèle une nation pressée d’enterrer ses démons du passé pour mieux se réinventer. Ainsi, peut-on observer dans The Man, the Woman, The lion and the animals at the water hole (1989) de A.R. Penck, le besoin de l’artiste de s’affranchir du réalisme socialiste qui s’imposa à lui dans son ex-RDA, pour mieux adopter le minimalisme abstrait qui prévalait alors de l’autre côté du mur.
Enfin, passé les années 1970, le parcours convie le visiteur à des champs plus conceptuels. Comme en témoignent le Double Ensemble (1969) de Joseph Beyus et son collage Bleu au milieu (1984), le drapeau noir allemand (1974) en soie de James Lee Byars, ou encore l’innocence et l’imagination informelle de Robert Filliou, tel que matérialisé dans Bien fait – mal fait - pas fait (1969).
- Informations pratiques
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MAM PARIS
11, avenue du Président-Wilson
Paris 75016
Ile-de-France
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- http://www.mam.paris.fr