Michel Guy, secrétaire d’État à la Culture, de juin 1974 à août 1976, a marqué durablement le ministère des Affaires culturelles. Innovateur encore trop méconnu, il a pourtant posé les bases de la politique de décentralisation et œuvré fermement pour sa déconcentration..
Portrait. Autodidacte, amateur d’art contemporain, passionné de musique, Michel Guy naît à Paris en 1927 dans une famille de la bourgeoisie. Proche du couple Pompidou, il fonde en 1971, à la demande du président de la République, le Festival d’Automne qui associe arts plastiques et spectacle vivant. Nommé par Valéry Giscard d’Estaing secrétaire d’État à la Culture dans le premier gouvernement de Chirac, le nouveau ministre – qui ne dispose pas d’une connaissance des arcanes de l’administration ni d’un réel soutien politique – parvient à développer une politique volontariste et audacieuse en faveur des territoires.
Dès son arrivée Rue de Valois, Michel Guy annonce sa volonté de faire évoluer le mode de relation qu’entretient le ministère avec les élus locaux. Il lance la politique des chartes culturelles qui visent à développer des projets structurants d’équipements culturels dans les territoires. Mobiliser les élus et les budgets locaux par la concertation, casser les clivages sectoriels et affirmer le caractère global d’une politique culturelle sont les principaux objectifs qu’il donne à cette nouvelle « approche horizontale, globale, interdisciplinaire, […] dans l’esprit du centre Georges-Pompidou. »
Signées avec onze villes, deux départements et une région, les chartes préfigurent la politique de décentralisation qui sera engagée à compter de 1982 sous le ministère de Jack Lang. Michel Guy affirme ainsi sa détermination à assurer un rééquilibrage entre Paris et la province. Il souhaite accompagner cette politique d’un renforcement des échelons déconcentrés. « Ce ministère doit être repensé entièrement. Il y a un niveau international, un niveau des grands équipements, et c’est le seul qu’il faut laisser Rue de Valois. Tout le reste, il faut que cela soit déconcentré », confie-t-il à ses collaborateurs avant d’ajouter sans détour : « Je veux casser la dictature des bureaux parisiens. »
Sous son ministère, il ne se passe guère d’années sans que de nouvelles directions régionales soient créées. À son arrivée Rue de Valois, il n’y avait encore que cinq directeurs régionaux en poste. À son départ, en 1976, il y en aura seize. Le renforcement des services sectoriels en régions se poursuit avec une attention particulière portée au maillage territorial. Il soutient ainsi l’installation d’une conservation régionale des monuments historiques en Corse ainsi que pour les Antilles et double le nombre de délégués régionaux à la musique.
Malgré un passage bref Rue de Valois (26 mois), Michel Guy laisse une empreinte profonde. Il a structuré la politique de lecture publique créant, en 1975, une direction du Livre. Il a jeté les bases d’un centre national de la photographie, devenu Jeu de paume en 2004. Il a soutenu la politique en faveur de la création cinématographique et supprimé la censure au cinéma. C’est également sous son impulsion qu’est lancé le projet de Musée d’Orsay. S’il n’est pas reconduit lorsque Jacques Chirac quitte Matignon, remplacé par Raymond Barre, Michel Guy aura durablement marqué par sa personnalité et son énergie un ministère dont il a contribué à asseoir la légitimité au-delà de la capitale.
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Michel Guy, un secrétaire d’État à la Culture engagé en faveur des territoires
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°582 du 4 février 2022, avec le titre suivant : Michel Guy, un secrétaire d’État à la Culture engagé en faveur des territoires