Archéologie

Les craintes des archéologues grecs face aux incertitudes budgétaires

Par Doriane Lacroix Tsarantanis · lejournaldesarts.fr

Le 6 mars 2012 - 408 mots

GRECE

ATHÈNES (GRÈCE) [06.03.12] - À l’occasion du 25e congrès archéologique de Salonique, annonçant les résultats annuels des fouilles réalisées sur le territoire, les archéologues s’interrogent sérieusement sur l’éventualité de ré-enfouir les vestiges par mesure de sécurité, compte tenu du manque de moyens et du climat d’austérité régnant en Grèce. PAR DORIANE LACROIX TSARANTANIS

Les vols ayant eu lieu dans le Musée d’Olympie et à la Pinacothèque d’Athènes avaient contraint le ministère de la Culture à constituer un groupe de travail chargé de la réévaluation des dangers menaçant les musées et les sites archéologiques. À présent, le ministère fait part de sa volonté d'épargner aux grands sites grecs les effets de la cure d'austérité.

Pour autant, les archéologues semblent être tout sauf confiants. Lors du 25e congrès annuel d’archéologie ils ont réaffirmé leurs craintes au sujet des carences budgétaires, et ont tenu à tirer la sonnette d’alarme sur l’inefficacité des mesures de sécurité ou même l’absence de surveillance des sites archéologiques. Pavlos Chrysostomos, directeur des fouilles du site antique macédonien de Pella, a ainsi déclaré au quotidien Ta Nea que « s'il n'y a pas d'argent pour fouiller, veillons au moins à garder les sites, c'est désormais notre seul patrimoine ». C’est sur le site de Pella qu’avaient été retrouvés des masques funéraires de guerriers macédoniens en or, certains d’entre eux ayant d’ailleurs récemment fait partie de l’exposition consacrée à Alexandre Le Grand au Musée du Louvre.

Mais ce sont aussi des masques similaires qui ont fait l’objet d’un trafic démantelé en octobre dernier dans la région de Salonique. Pavlos Chrysostomos a précisé qu’aucune fouille n’avait eu lieu en 2011 à Pella, mais que d’autres individus s’en étaient apparemment chargés, puisque plus de dix fosses avaient été repérées sur le site demeuré sans surveillance, faute de moyens financiers.

L'universitaire Michalis Tiberios, conseiller en archéologie de la société du métro d'Athènes, a ajouté de manière déterminée : « Laissons les antiquités là où les trouveront les archéologues du futur, quand les Grecs et leurs politiciens seront plus respectueux de leur histoire ». Craignant le trafic d’antiquités, l’expert avait conseillé au ministère de la Culture de ré-enfouir les vestiges d'une basilique paléochrétienne, mis au jour lors du creusement du métro de Salonique. Malgré un état des lieux désolant, les coupes budgétaires qui mettront un frein aux fouilles, devraient, d’après les archéologues, enfin donner aux spécialistes l’opportunité et le temps de mieux se consacrer à l’étude approfondie des centaines de milliers d’antiquités déjà trouvées.

Légende photo

Atrium avec mosaïque de galets à décor géométrique dans une grande demeure de Pella (nord de la Grèce), ancienne capitale du royaume de Macédoine, dont le site est toujours en cours de fouilles sous la direction de l'archéologue grec Pavlos Chrysostomos - © Photo : Brian Donovan - 2000

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