Immerger l’œuvre vidéo de Bill Viola dans le bain culturel florentin, pour mieux souligner l’influence qu’a sur lui la Renaissance italienne.
Ainsi se résume à première vue l’argument d’« Electronic Renaissance » au Palazzo Strozzi. Il n’entre dans cette entreprise rien de particulièrement neuf : de telles mises en regard de vidéos de l’artiste et de toiles de Pontormo ont déjà été conduites ici et là. Mais, comme souvent chez Bill Viola, l’événement tire sa force de l’écheveau de symboles qu’il parvient à tisser, et de sa capacité à nouer ensemble l’intime et l’universel. L’exposition est d’abord l’histoire d’une naissance : celle d’un jeune « tecnico americano » débarqué en Toscane en 1974 pour y seconder Burden, Kounellis ou Les Levine au sein de la galerie/espace de production Art/tapes/22. Au sous-sol du palais, quelques œuvres et photographies évoquent cette jeunesse florentine, où s’inaugure à bien des égards la carrière artistique de Bill Viola. Y affleure notamment l’obsession de l’artiste pour l’eau, dont il exploite déjà les effets visuels (reflets, évaporations, etc.) dans ses premières vidéos expérimentales à la fin des années 1970. Après ce préambule, « Electronic Renaissance » déplie son thème au propre comme au figuré : la renaissance dont il est ici question est évidemment à entendre au double sens du terme. Elle se joue d’abord, dans les pièces présentées à l’étage, dans le dialogue initié à partir de 1995 par Viola avec une poignée de chefs-d’œuvre de la Renaissance. Dès la deuxième salle, la confrontation de la Visitation de Pontormo avec The Greeting (1995) souligne la nature des correspondances nouées par l’artiste américain avec l’art italien. En transformant une scène biblique en simple rencontre dans la rue, l’artiste y inaugure une méthode que la plupart des œuvres présentées dans l’exposition reprennent – de Catherine’s Room à Emergence. À savoir : l’actualisation, par la grâce de l’image animée et du ralenti, d’une série de chefs-d’œuvre picturaux auxquels Viola emprunte postures, drapés et cadrages. De ces relectures, il prend soin d’expurger tout élément ouvertement chrétien, sans pour autant vider l’œuvre de sa spiritualité, ni même de son sacré. L’eau, omniprésente et vrai fil conducteur de l’accrochage, ouvre ainsi sur une série d’immersions charriant métaphoriquement noyades, rupture de la poche des eaux ou rituels purificateurs, dans un cycle vertigineux de mises à mort et de mises au monde qui sont autant de renaissances à soi.
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Bill Viola, la Renaissance au fil de l’eau
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Abonnez-vous dès 1 €Palazzo Strozzi, piazza Strozzi, Florence (Italie), www.palazzostrozzi.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°701 du 1 mai 2017, avec le titre suivant : Bill Viola, la Renaissance au fil de l’eau