Le 23 avril 2017, le peuple français s’est rendu aux urnes pour élire son président de la République.
Le 27 avril 1970, les amateurs d’art contemporain étaient conviés à un autre vote : le Référendum Journiac, pour se prononcer « pour » ou « contre » Michel Journiac (1935-1995). Cette action participative, qui n’avait recueilli à l’époque qu’une seule voie « contre » l’artiste – la sienne ? –, est aujourd’hui réactivée au Transpalette qui, lui, vote clairement « pour » la redécouverte de l’artiste en consacrant une exposition à ses dernières productions. Réalisé entre 1993 et 1995, le Rituel de transmutation (1993-1995) – « le testament artistique de Journiac », selon Vincent Labaume, commissaire de la présentation berruyère – est une série de douze étapes d’une Passion selon Journiac. La première consiste en un billet de cent francs maculé du sang de l’artiste et envoyé par la poste à différents destinataires (Monnaie du sang). Ces billets de « sang » répondent au scandale de l’affaire du sang contaminé qui vient alors d’éclater en France. Homosexuel, Journiac voit nombre de ses amis disparaître du sida. La mort le hante – il décèdera quelques mois plus tard d’un cancer –, comme en témoigne l’Icône des amis morts (1993), mur hommage aux disparus et sixième étape de la Passion. Le sang et la mort sont ses matériaux, avec la religion : « Hormis tout cela, il y a Jésus-Christ qui n’entendait rien aux finances et, paraît-il, n’avait pas de bibliothèque », inscrit ainsi Journiac, qui reprend les mots de Pessoa, sur trois panneaux recouverts de feuilles d’or et maculés de sang (étape n° 3). En 1969, quelques mois avant son Référendum, l’artiste officiait déjà en prêtre à la Galerie Daniel Templon, distribuant lors de sa Messe pour un corps des rondelles de boudin confectionnées à partir de son sang en guise d’hosties. L’art cherchait-il son sauveur ? Il s’incarnerait en Journiac, ancien séminariste devenu « cannibale de l’île Saint-Louis ». Incomplète, l’exposition du Transpalette se veut une fenêtre ouverte sur une œuvre complexe mais incroyablement cohérente, transgressive sans être gratuite. Une œuvre dont la partie photographique est actuellement exposée à la Maison européenne de la photographie à Paris, formant une deuxième occasion de revoir Journiac et, qui sait, d’y prendre goût…
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Prenez, ceci est Michel Journiac
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Abonnez-vous dès 1 €Le Transpalette, 26, route de la Chapelle, Bourges (18), www.emmetrop.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°701 du 1 mai 2017, avec le titre suivant : Prenez, ceci est Michel Journiac