Les territoires indociles de Kijno

D’une façon ou d’une autre, il faut y laisser sa peau. » Cette rétrospective nous entraîne dans un maelström riche en facettes intenses. Engagement, contestation, violence et générosité y résonnent comme autant de déflagrations plastiques. Près de trois cents œuvres et un film, Kijno, le peintre rebelle, de Dominik Rimbault, irradient du sol au plafond le vaste espace du Manège royal. Figuiers, Galets, Signes premiers, Écritures blanches, Spéléologies mentales des années 1950 et 1960 se déploient en pétulantes énergies. Les Balises, Les Voyages, Le Rêve de Gauguin font surgir à partir des années 1970 des peintures aux formes plus circonscrites. Les Froissages, apparus dès 1946, et les Vaporisations témoignent de la liberté inventive de Kijno, précurseur de l’emploi du graffiti et de la bombe aérosol. Trois ensembles monumentaux complètent cette célébration : Le Théâtre de Neruda, les 10 Bouddhas de Vascœuil et les 14 Stations du Chemin de croix réalisé à quatre mains avec Robert Combas. Grand lecteur – Kijno a étudié la philosophie auprès de Jean Grenier –, il a illustré de nombreux recueils de poètes tels Francis Ponge, Pablo Neruda, Bernard Noël, Salah Stetié… Complétant ce riche parcours dans d’autres sites de Saint-Germain-en-Laye, des livres, des éditions rares et des papiers froissés de l’artiste sont présentés à L’Espace Vera, tandis que la Médiathèque invite à découvrir les gravures, lithographies et sérigraphies de l’artiste.