On ne supporte les aéroports qu’à condition de les quitter. Il y a donc quelque chose de paradoxal à en faire, comme Franck Bauchard, un thème d’exposition, déclinant jusque dans sa scénographie cet environnement générique et codifié à l’extrême.
Dans « Aéroports/ville monde », ne manquent en effet ni les serre-files, ni les portails de sécurité, ni la signalétique, ni l’ambiance sonore et les cartes d’embarquement, qui tiennent ici lieu de cartels. Si l’exposition choisit de s’attarder sur cette infrastructure, c’est qu’elle la tient pour un concentré de l’époque : symbole de la mobilité, du tourisme et de la globalisation, l’aéroport est aussi l’espace où se déploient le contrôle, la surveillance et les inégalités. De fait, les dix-neuf artistes présentés à la Gaîté lyrique oscillent grosso modo entre ces deux imaginaires. Chez Matthias Gommel et Jasmina Cibic, le détournement des dispositifs aéroportuaires (serre-files, panneaux d’affichage…) désignent la mobilité comme valeur et comme mythe. Dans la même veine, les détournements signalétiques de An Te Liu, les plans et maquettes de Fanchon Bonnefois et Camille Demouge (Sexcloud, Meet at the Airport, 2016) et Dwelling de Hiraki Sawa font du terminal aéroportuaire le lieu par excellence de l’investissement narcissique et libidinal. À l’autre extrémité, Adrian Paci et Yorgo Tloupas dévoilent l’envers du mythe mobilitaire en exposant les inégalités qu’il charrie. Mais, en la matière, il revient aux toujours excellents Gwenola Wagon et Stéphane Degoutin d’introduire la plus grande dissonance : dans Psychanalyse de l’aéroport international – musée du terrorisme, les deux artistes dissèquent l’aéroport comme nœud névrotique, où s’articulent la paranoïa, l’angoisse et le masochisme.
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Stade terminal
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°701 du 1 mai 2017, avec le titre suivant : Stade terminal